Abstract

En 1674, un missionnaire jésuite de Nouvelle France, Pierre-Joseph-Marie Chaumonot, a reconstruit la célèbre relique Catholique italienne, la Sainte Maison de Lorette, pour ses Hurons convertis. Cela lui a gagné une place dans les livres d'histoire et a fait de lui un personnage exceptionnel. Cet article défend la thèse que le Jésuite ne fut pas seul dans l'accomplissement de cette mission mais que les Hurons eux-mêmes contribuèrent largement à la dévotion à Lorette en Nouvelle France. Entre 1670 et 1720, les Hurons de la mission jésuite de Lorette envoyèrent au moins cinq colliers de wampum à des communautés Catholiques de part et d'autre de l'Atlantique. Le présent article examine les conditions de réception de ces cadeaux, en particulier par l'église de Notre Dame de Foye à Dinant, en Belgique, par la cathédrale de Chartres, en France, et par la mission de Sault-St.-Louis, ou Kahnawake, au Canada. Déjà au dix-huitième siècle, dans l'empire français, l'expression "Lorette" en était venue à désigner ces Hurons exotiques plutôt que la Sainte Maison apportée d'Italie par les Jésuites. Le partage de la religion Catholique avait transformé des étrangers en membres d'une même famille.

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