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Reviewed by:
  • Fractures du dimanche
  • Norma Ribelles Hellín
Ouellette, Michel. Fractures du dimanche. Sudbury: Éditons Prise de Parole, 2010. ISBN 978289423257. 150 p.

Écrivain prolifique et professeur universitaire, Michel Ouellette a terminé son doctorat en lettres françaises à l'université d'Ottawa. Né à Smooth Rock Falls, dans le nord de l'Ontario, il vit maintenant à Gatineau au Québec. Se consacrant à l'écriture dramatique depuis vingt-cinq ans, il est l'auteur d'une trentaine de pièces de théâtre, dont une dizaine ont été publiées aux Éditions du Nordir ou chez Prise de Parole. Elles ont été produites par le Théâtre la Catapulte, le Théâtre le Nouvel Ontario, le Théâtre de la Vieille 17, le Théâtre l'Escaouette et Vox Théâtre et ont fait des tournées en Amérique du Nord et en Europe. Il a reçu le prix du Gouverneur général pour French Town et le prix Trillium pour Le Testament du couturier, traduit déjà en l'anglais et en l'espagnol. Il est aussi l'auteur d'un récit poétique, deux volumes de poésie, un conte pour enfants et deux romans, dont Fractures du dimanche, paru en avril 2010. Le créateur a voulu avec cet ouvrage essayer un nouveau tour de force en nous offrant trois histoires entrecroisées racontées chacune sous un point de vue distinct et une esthétique différente, à savoir le roman, le théâtre et la peinture; ces trois langages s'adaptent aux destins des personnages et leur sont propres.

Philippe Pierre, le dramaturge qui n'arrive plus à écrire depuis des années, ressent "le vide périlleux qui le ronge de l'intérieur" (31). Il cherche les mots en lui, il ne les trouve plus. La créativité s'est changée en désespoir. Il réfléchit sur le processus de l'écriture, devenu si aride. "Pourquoi écrire? La question pèse sur la tête de l'auteur" (32). Et il est si ingrat le métier de l'écrivain! C'est si pénible de faire parler ses personnages alors qu'ils insistent pour se taire, alors qu'ils n'ont rien à dire! "Parle! Dis quelque chose!" (32). Il rapporte de même ses mauvaises expériences comme auteur de théâtre. "Écrire, ça peut tuer" (34). Un [End Page 246] monde ignoble et infâme, où "tous […] nous arrachent notre texte. Ils le trahissent pour mieux le saisir. Il y a tellement de vide dans une pièce de théâtre, du blanc entre les mots, que n'importe qui peut y mettre du sien. Un texte de théâtre, c'est une passoire pour égoutter les idées et les émotions" (34). Le destin, pourtant, fera de lui le témoin muet d'une pièce de théâtre magistrale qui aura lieu sous ses yeux; il assistera à la première d'une tragédie parfaite, dont les acteurs seront précisément les constructeurs qu'il a embauchés pour refaire sa maison de campagne. Ainsi, cette cabane au bord de l'eau qui se voulait havre de paix—Philippe s'imagine ici en lisant "des livres sur le perron tout en écoutant le flot de la rivière" (10)—devient le décor d'une tragédie classique stéréotypée. Il s'agit en effet de la deuxième histoire qui se mêle au fil narratif des Fractures du dimanche: les péripéties de Diane Ursel, propriétaire de l'entreprise chargée de la reconstruction de la maison de Philippe, qui, à la mort de son mari, gère la compagnie et travaille avec ses trois fils. C'est à ce moment-là qu'elle se trouve dans la si délicate conjoncture de devoir décider lequel devra lui succéder dans la direction. Philippe, en bon dramaturge, a déjà imaginé la tournure que prendront les événements:

Dans sa tête, Philippe voit la tragédie familiale se mettre en branle. Sur scène, il y a les trois fils. La mère vient de leur annoncer son...

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