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  • La Lettre tue. Spectre(s) de l'écrit fantastique
  • Jean Marigny
Met, Philippe. La Lettre tue. Spectre(s) de l'écrit fantastique. Villeneuve d'Ascq: Presses Universitaires du Septentrion, 2009. ISBN 9782757400791, 267 p.

Rédacteur en chef de French Forum, Philippe Met enseigne la littérature et le cinéma à l'université de Pennsylvanie. Il a publié une cinquantaine d'articles, ainsi que Formules de la poésie: Études sur Ponge, Char, Leiris et du Bouchet, aux Presses Universitaires de France (1999), André du Bouchet et ses Autres, recueil de textes aux Éditions Lettres Modernes-Minard (2003), et Les Aventures de Harry Dickson. Scénario de Towarnicki, pour un film (non réalisé) par Alain Resnais, en collaboration avec Jean-Louis Leutrat et Suzanne Liandrat-Guigues, aux Éditions Capricci à Nantes (2007). Il achève actuellement un manuscrit sur l'esthétique et la phénoménologie des carnets poétiques, intitulé Fausses Notes.

Dans le présent ouvrage dont le titre, La Lettre tue. Spectre(s) de l'écrit fantastique, est inspiré par une citation de Jacques Lacan, Philippe Met entend traiter de "l'inscription de la lettre dans la littérature fantastique" (13) en s'attachant particulièrement à tous les écrits et documents qui s'insèrent dans le texte fantastique ou qui l'accompagnent. Dans son introduction, Philippe Met évoque les trois grands classiques du genre: Frankenstein (1818) de Mary Shelley, L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde (1888) de Robert Louis Stevenson et Dracula (1897) de Bram Stoker qui abondent en manuscrits de toutes sortes, récits enchâssés, extraits de carnets intimes ou de correspondances, ou encore d'articles de presse, de télégrammes, et de grimoires maudits qui donnent une impression de mosaïque ou de kaléidoscope. Selon Philippe Met, dans le récit fantastique, la lettre est par essence paradoxale puisqu'elle procède d'un trop-plein d'informations et de zones d'ombre systématiques, d'où une "paradoxale dialectique du manque et de l'excès" (18). Le titre de l'ouvrage lui-même, La Lettre tue, est fondé sur l'ambiguïté entre les verbes "taire" et "tuer" car, dans le récit fantastique, [End Page 241] la lettre est tue parce qu'elle est incomplète, parce qu'elle ne parvient pas à son destinataire, ou parce qu'elle est détruite, mais elle tue aussi parfois au sens littéral du terme, comme dans Le Tour d'écrou d'Henry James. Après avoir introduit le concept de lettralité qui recouvre selon lui "fantastique de la lettre et lettre du fantastique" (13), Philippe Met se propose de chercher à définir ce qu'il appelle une "poétique lettrale" (32) en étudiant non pas tant les "chefs-d'œuvre réputés incontournables" (14) que des textes "bien moins privilégiés par les commentateurs" (15) et "dont la lettre a été peu, ou moins, recouverte et gauchie par des couches interprétatives successives" (16), comme La Guzla de Mérimée. Les principaux auteurs qu'il retient sont Jean Ray, H. P. Lovecraft, Maupassant, Algernon Blackwood, Michel de Ghelderode et Hanns Heinz Ewers. Le critique entend "dégager un esprit du fantastique par une traversée des avatars de la lettre" (32). Pour cela, il n'écarte pas des textes "dont le statut ou la teneur fantastique peut être tenu(e) pour problématique, indécidable, ou tangentiel(le) au genre" (34).

Le premier chapitre est consacré aux avatars de la traduction et de la mystification chez Mérimée, notamment dans La Guzla (1827), texte présenté par son auteur comme un "choix de poésies illyriques" (37). Si les ballades réunies dans La Guzla ne relèvent pas toutes du fantastique, tel que l'ont défini Caillois ou Todorov, on y trouve néanmoins des motifs fantastiques comme le mauvais œil et le vampirisme. Mérimée affirme même avoir été témoin d'une affaire de vampirisme. Selon Philippe Met, les notices sur ces deux thèmes "voient l'une et l'autre leur propos didactique et érudit insidieusement infiltré par le narratif...

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