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  • Afrique du Nord
  • Alek Baylee Toumi (bio)

Romans

Bey, Maissa. Puisque mon cœur est mort. Paris: L'Aube, 2010. ISBN 9782815900003. 250 p.

Après Pierre, sang, papier ou cendre, roman sur l'histoire de l'Algérie, Maissa Bey retourne à la décennie précédente, aux années de haine et de sang en Algérie. Puisque mon cœur est mort raconte l'histoire d'une femme algérienne nommée Aida. Professeur d'anglais, elle est mal vue par la société car divorcée; par surcroît intellectuelle, elle devient immorale, suspecte aux yeux des intégristes. Aida vit avec Anis, son fils unique, dans une de ces innombrables cités-dortoirs d'Alger, devenues "talibanlieue." Un soir, à l'image du poète Youcef Sebti, Anis subit le sacrifice d'Abraham: il est égorgé par un islamiste! Que faire quand l'État, incapable de protéger ses citoyens de première classe, se fiche royalement de ces femmes, qu'il blâme parfois de "sortir." Aida est au bord du précipice, pense à se suicider, puis décide de se battre, continuant tant bien que mal à vivre. La narratrice se met à écrire à son fils, de l'autre côté de la mort, et l'écriture va servir de catharsis, l'aidant à repousser temporairement la folie. Lors d'une de ces innombrables visites aux cimetières, Aida rencontre maintes femmes qui viennent pleurer elles aussi, l'une une fille, l'autre un mari ou un frère disparu. Elle fait la rencontre de Kheira, qui très brave et courageuse, va l'aider à surmonter sa douleur et son deuil. Un jour, Aida voit la photo du bourreau, le "nazislamiste" qui a tué son fils. Que faire et où aller? Porter plainte chez un pouvoir, qui, au nom de la "réconciliation nationale," a amnistié et protège les assassins? Aida va essayer de retrouver l'égorgeur; recherche, dans le roman, qui se transforme en quête de soi. Car le problème demeure là, les assassins courent toujours, font de l'excès de zèle, se conduisent souvent comme des vainqueurs. Que faire quand la victime n'a pas reçu un gramme de justice, et que le pouvoir ne demande même pas à Aida et aux autres femmes de pardonner, mais leur dit seulement: "il faut oublier"! Comment oublier son fils disparu et pourquoi? Il s'agit d'un roman bouleversant, sur un sujet brûlant, l'après-guerre civile et la situation des femmes, ces mères, ces veuves, éternelles victimes, pleurant leurs enfants assassinés, leurs [End Page 173] filles kidnappées et le fait des islamistes violeurs, criminels de guerre qui courent toujours impunément.

À titre d'information, les lecteurs et chercheurs qui travaillent sur Maissa Bey peuvent désormais consulter le site suivant: http://ms-my.facebook.com/pages/MAISSA-BEY/52931556822

Khadra, Yasmina. L'Olympe des Infortunes. Paris: Julliard, 2010. ISBN 97822600018223. 232 p.

À la différence de ses précédents romans, dans L'Olympe des Infortunes Yasmina Khadra s'est essayé dans le conte philosophique. Si dans le superbe Ce que le jour doit à la nuit, le lecteur était accroché dès les premières pages, happé par le texte, tenu en haleine de bout en bout des 410 pages, dans ce conte qui se déroule sur une cadence bien lente, on a du mal à se laisser emporter.

Les personnages sont tous des marginaux et des rebus de la société. Tous semblent avoir quitté la ville et choisi de vivoter dans le dénuement total, hommes misérables mais libres. Comme décor, imaginez une décharge publique, un terrain vague à l'extérieur d'une grande ville comme Alger, Marseille ou San Francisco, un bidonville près de la mer, où se sont réfugiés toutes sortes de clochards. Il y a Ach, un "borgne again" musicien, son compagnon Junior, un simplet sympathique, le Négus, double face dangereux, et une seule femme, Mama avec son amant Mimosa, ainsi qu'une pléiade de sans-abri.

S'il est vrai que l'argent n'a pas d'odeur et que la...

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