Abstract

La relecture des carnets de route, Voyage au Congo, à travers un filtre freudien révèle toute l'ambivalence d'André Gide envers aussi bien l'espace africain que français. L'Afrique que Gide dépeint est un espace qui sans cesse échappe à toute forme de représentation et au sein duquel il s'efforce de fixer l'idée de l'Afrique qu'il cherche en vain à capturer. Déployant les tropes freudiens du deuil et par extension de la mélancolie, Gide cherche à attacher son moi dans le paysage africain pour remplacer l'objet de la perte: le sentiment d'appartenance à la France. Échouant dans son entreprise de deuil qui nécessite l'oubli, Gide implante alors un discours orientaliste sur le site africain afin de fixer cette Afrique qui ne se construit que comme espace vide. Ne se réconciliant pas avec son sentiment de perte, Gide sombre définitivement dans la mélancolie. Son voyage en Afrique ne fera que renforcer son aliénation.

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