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Nineteenth Century French Studies 31.3&4 (2003) 356-358



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David, Marie-France. Antiquité latine et décadence, Paris: Honoré Champion, 2001. Pp. 564. ISBN 2-7453-0359-7

"Regardez. Nous sommes à Rome!" déclare Claudius Ethal dans Monsieur de Phocas de Jean Lorrain. Ouvrez Antiquité latine et Décadence de Marie-France David, c'est très exactement l'impression que vous éprouvez. Cette étude, se plaçant, comme l'auteur le remarque elle-même dans son introduction, au confluent de la littérature et [End Page 356] de l'histoire, se veut en effet une sorte d' "historique" où est retracée la redevance que "réclame" l'antiquité latine de la Décadence de la fin du xixe siècle, cette "nébuleuse" ainsi que l'a baptisée Guy Ducrey, étrange structure où tout converge et où rien ne va plus ("Préface" à Romans fin de siècle, Laffont, 1999). Point de départ du raisonnement de Marie-France David: la période de transition entre paganisme et christianisme qui est une véritable source d'inspiration pour la littérature de la seconde moitié du xixe siècle (378). Le "roman antique chrétien," car tel est le mot qui convient ici, est d'abord d'inspiration religieuse. Mais bientôt, chemin faisant, on glisse vers "l'accessoire" (28), vers les à-côtés, tant aimés par la Décadence. La figure du martyre peut assurer ce passage du symbolique à l'esthétique : son image, décente et religieuse, est pervertie et entachée dans les textes de la fin du xixe siècle. La métaphore essentielle est peut-être de ce point de vue la profanation. Osons ajouter à ce commentaire pourtant éminemment lucide que la conclusion, pour vraie qu'elle soit, n'est point neuve: "La Décadence use du christianisme antique comme d'une traduction de sa fascination pour la laideur, la pourriture, le néant" (40). C'est que les deux assises du christianisme naissant sont la "corruption" et la "destruction" (44). Cela, évidemment, nous le savions déjà. Mais il est vrai qu'il est d'autres exemples, moins évidents : l'auteur nous renvoie ainsi à la ville de Pompéi, recréée grâce aux " structures de l'imaginaire décadent" (123), ou aux les différents types du César décadent, redessinés par la Décadence "comme aucune littérature, aucune esthétique ne l'avait envisagé auparavant" (217). Ainsi, note Marie-France David, l'antiquité de la Décadence est " une collection, un florilège, une bibliothèque à laquelle il est possible de faire appel pour bouleverser le présent. C'est une antiquité faite de morceaux choisis" (162). Et plus loin: "l'antiquité décadente qui intéresse la Décadence est faite d'images ; elle utilise des personnages-allégories appartenant à des périodes très diverses de l'antiquité, et pas nécessairement à la décadence romaine" (216). Nous l'avons compris : le monde de Jean Floressas des Esseintes n'est pas loin.

Décadence, comme l'écrit Sylvie Thorel-Cailleteau dans Dieu, la chair et les livres [Champion, 2000], ne "définit rien," elle est le nom, emprunté, d'une "posture" qui "rassemble presque tout la seconde moitié du xixe siècle" (17,31). Force est d'admettre que Marie-France David va dans le même sens, en élargissant la portée de la notion en sautant par exemple du jeune Flaubert de 1839 à l'Henri de Régnier de 1906 dans l'espace d'une seule page (106). Mais c'est dans ceci très exactement, dans ce mélange de choses connues et de vues originales, que réside, nous semble-t-il, la nouveauté de ce livre. L'auteur éclaire d'une lumière différente, historicisante l'étude de la Décadence . Elle nous permet donc de découvrir d'un autre œil certaines choses que nous connaissions déjà mais que nous n'avions pas vues de cette manière : les différents stades de l...

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