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Nineteenth Century French Studies 31.3&4 (2003) 375-378



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Laüt-Berr, Sylvie. Flaubert et l'Antiquité: Itinéraires d'une passion, coll. "Roman-tisme et modernités." Champion, 2001. Pp. 390. ISBN 2-7453-0387-2

En 1852, Flaubert évoque l'idée d'un livre sur "l'interprétation de l'antiquité" tout en percevant l'ampleur du travail: "Ce serait l'œuvre de toute une vie [...]." Il n'écrira jamais ce livre mais Sylvie Laüt-Berr montre cependant que des œuvres de jeunesse aux romans de la maturité l'Antiquité prend toujours plus d'importance et qu'elle n'est pas absente des romans de la vie moderne. C'est donc bien le sujet de toute une vie. Les références à l'Antiquité sont d'abord discrètes dans les premières œuvres, souvent historiques. L'orgie, thème cher à la littérature latine des derniers siècles, a sa place à la Cour d'Isabeau de Bavière dans Deux mains sur une couronne, les "obscènes supplices" des temps de Caligula et Néron sont évoqués dans La Femme du monde et la grandeur de Charles Quint dans Un secret de Philippe de prudent est une "gloire [End Page 375] antique." Sans ignorer le modèle classique idéalisé par le système scolaire, Flaubert choisit très tôt plutôt une antiquité décadente ("ce moment où la Grèce et Rome sont noyées dans l'Orient," 229), un monde où l'excès devient poésie. Mais c'est surtout à partir des années 1844-1845, tandis que la maladie l'oblige au retrait, que sa vision de l'Antiquité se précise et se développe: "Je fais maintenant beaucoup de grec et je repasse mon histoire," écrit-il en 1845. Sylvie Laüt-Berr montre avec justesse que c'est dans ces années de transition que se forme véritablement son univers littéraire qui unit l'Antiquité à une géographie méditerranéenne tandis que son style qui affectionne les longues périodes est encore marqué par la rhétorique scolaire. L'artiste Jules, dans L'Education sentimentale de 1845, éprouve une "irrésistible attraction pour les époques plantureuses" comme le Bas-empire. Sylvie Laüt-Berr signale qu'en cela Flaubert a bien le goût romantique, Nerval lui aussi donnera sa préférence à l'époque de Pérégrinus et d'Apulée. Dans A rebours, le bréviaire du décadentisme, ce sont les derniers siècles du monde latin qui font les délices de l'esthète des Esseintes. Entre le romantisme et le mouvement décadent, Sylvie Laüt-Berr s'efforce de définir la "voie originale" de Flaubert (12).

Tel est le projet de ce livre qui tente de tenir ensemble deux sujets, l'Antiquité et l'Histoire. L'Antiquité "résume l'histoire et l'être humain [...] tous les contrastes, tous les échelons de l'humanité dans son existence et son anéantissement" (52). Elle constituerait donc un condensé du monde et du temps. Mais peut-on trouver dans l'œuvre la preuve que cette conception est celle de Flaubert? Sylvie Laüt-Berr essaie de le faire en montrant que l'Antiquité est même présente dans les romans sur le xixe siècle et que rien n'échappe au regard antique de Flaubert, pas même la Normandie ou Paris. Dans les romans modernes le style impose son ordre et son harmonie, sauvant ainsi de la décadence réelle un monde abhorré mais fixé dans le cadre impeccable de la représentation littéraire par une prose qui métamorphose la banalité grâce à des mythes antiques, à une façon de voir et à des modèles de mise en scène que l'on trouve par ailleurs dans Salammbô, La Tentation de saint Antoine, Hérodias. Ainsi la bêtise d'Emma est "empreinte d'une énergie primitive" et par sa curiosité sensuelle elle "appartient à la Barbarie antique" (138). On...

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