Abstract

Cet article utilise une campagne de dératisation, montée à Hanoi en 1902 par l'administration coloniale, à explorer les limites du pouvoir de l'état dans la ville coloniale. Au début, les égouts municipaux d'Hanoi représentaient le sommet du modernisme et du rationalisme de la "mission civilisatrice" française. Mais les nombreux problèmes de santé, de travail, et de qualité de vie qui se produisaient ont bientôt révélé une crise profonde et surprenante qui confrontait l'administration coloniale. L'arrivée d'armées de rats dans les maisons de la communauté blanche en était la manifestation la plus évidente, la plus dangereuse, et la plus ennuyante, surtout quand la peste se déclarait dans le quartier européen. Quand les investigateurs ont compris que ces visiteurs sans invitation arrivaient par les égouts, l'état engageait des équipes d'indigènes pour les combattre, mais sans effet durable et avec des résultats inattendus. Cet épisode est révélateur des illusions, des hypocrisies, et des paradoxes du pouvoir colonial français.

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