Abstract

Cet article discute les rapports entre le siècle des Lumières colonial et le gouvernement impérial par un examen de la carrière de Hilliard d'Auberteuil vis-à-vis le Ministère de la Marine, la polémique autour de ses Considérations sur l'état présent de la colonie françoise de Saint-Domingue (1776-77), et les réformes qu'il a proposées dans cet oeuvre. En dépit des suppositions répandues, la publication des Considérations se faisait en collaboration avec le Ministère, et la suppression de l'oeuvre n'a pas mis fin à la carrière ministérielle de son auteur. En même temps, Hilliard d'Auberteuil était loin d'être un porte-parole du gouvernement impérial, et il proposait des réformes radicales des relations entre colonie et métropole et du régime intérieur de Saint-Domingue. En grande partie, les Considérations insistaient sur la necessité d'un remaniement de la vie interne de la colonie sous un code local et une magistrature créole réformée. Mais la pensée de Hilliard d'Auberteuil est trop idiosyncratique pour permettre aucune lecture uniforme. A la fin, les Considérations, son auteur, et la colonie sont liés par une série de discours utilitaires, qui se référait inévitablement, en Saint-Domingue, à la richesse produite par son système esclavagiste.

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