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L'Orphelin de la famille: Le Paradigme de Genfant/manuscrit trouvé dans le roman français du XVIIIe siècle Jan Herman Nul doute que l'orphelin et l'enfant trouvé ne s'arrogent dans le champ thématique du XVIIIe siècle un fief assez important. Le motif est d'une constance surprenante tout au long du siècle, dans plusieurs genres simultanément. Quant à son origine, un premier tour d'horizon amène assez rapidement au théâtre anglais. Absent du Répertoire du théâtrefrançois,1 qui contient toutes les pièces restées au programmejusqu'en 1802, et des Tablettes dramatiques de Mouhy, qui prétend répertorier toutes les pièces françaises représentées depuis Jodelle,2 le motifapparaît dès les titres dans le répertoire anglais. En effet, la première pièce du Nouveau Théâtre anglais de Mme Riccoboni3 s'intitule TheFoundling ou l'Enfant trouvé, comédie en cinq 1 Claude Bernard Petitot, Répertoire du théâtrefrançois, ou Recueildes tragédies et comédies restées au théâtre depuis Rotrou (Paris, 1804). 2 Le chevalier de Mouhy, Tablettes dramatiques, contenant l'abrégé de l'histoire du théâtrefrançois, rétablissement des théâtres à Paris, un dictionnairedespièces, et l'abrégéde l'histoire des auteurs et des acteurs (Paris, 1752). Le constat, dégagé d'un survol des seuls intitulés des pièces, est évidemment provisoire. 3 Le Théâtre anglais (1762) de Marie Jeanne Riccoboni est nouveau en ce qu'il oppose au Théâtre anglais (1745-^16) de La Place, premier traducteur français de Shakespeare, un répertoire comique. EIGHTEENTH-CENTURY FICTION, Volume 17, Number 3, April 2005 312 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION actes, par M. Edward Moore, Représentée à Drury Lane en 1 755. Plus significative encore de l'inspiration anglaise, une pièce de Bernard Joseph Saurín, de l'Académie française, se donne pour titre L'Anglomane ou l'Orpheline léguée, Comédie, 1765. La prose narrative semble à première vue conforter l'hypothèse anglaise: en 1751, Antoine de La Place, traducteur de Shakespeare, compose une libre adaptation de Tomfones de Henry Fielding, en conservant au roman son sous-titre anglais: ou l'Enfant trouvé.4 En 1753, Crébillon donne avec LesHeureux orphelins une adaptation libre de TheFortunateFoundlings d'Elisabeth Haywood, et en 1741 on voit paraître un récit anonyme, L'orpheline anglaise ou l'Histoire de Nency Buthler, écrite par elle-même. L'orpheline anglaise est également le titre d'un roman de Sarah Fielding, traduit en 1751 par La Place. Ce petit index n'est évidemment pas exhaustif. Il serait pourtant hasardeux de remonter plus haut cet affluent anglais. Àyregarder de plus près, cette veine anglaise semble surtout tributaire des deux Fielding. Les origines du motif, très fréquent dans le champ narratif français au moins depuis Les Mémoires d'HenrietteSylviedeMoli ère (1672) de Mme de Villedieu,5 remontentà des sources plus antiques et essentiellement dramatiques: à Aristote et à Platon. L'enfant trouvé et le roman familial d'Aristote Pour l'auteur de La Poétique, les deux principaux effets que doit produire le spectacle dramatique sont la frayeur et la pitié. Or, ceux-ci s'induisent le mieux d'événements conflictuels situés au sein du cadre de la famille: Les actions ainsi qualifiées doivent nécessairement être celles de personnes entre lesquelles existe une relation d'alliance, d'hostilité ou de neutralité. S'il y a hostilité réciproque, ce que l'un fait ou veut faire à l'autre ne suscite aucune pitié, si ce n'est par la violence même; pas davantage s'il y a neutralité; mais le surgissement de violences au cœur des alliances—comme un meurtre ou un autre acte de ce genre accompli ou projeté par le frère contre le frère, par le fils 4 Henry Fielding, TheHistory ofTomfones, A Foundling (London, 1749). 5 Aux XVIIe et ?????* siècles, un enfant trouvé de sexe féminin se voyait souvent attribuer le nom de Sylvie, dériv...

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