Abstract

L'archétype de la victime idéale d'une agression sexuelle, qui s'est élargi quelque peu au cours des ans en réaction à une prise de conscience sociale et juridique de la violence faite aux femmes, fonctionne toujours néanmoins pour discréditer le récit que font de nombreuses plaignantes de leurs expériences d'agressions sexuelles. Dans cette mesure, le mythe de la « victime idéale » continue à miner la crédibilité de ces femmes qui sont perçues comme s'écartant trop des notions stéréotypées des victimes « authentiques » et trop aussi des présomptions concernant les réactions prévisibles et « raisonnables » des victimes. Les évaluations de la crédibilité, qui sont absolument cruciales dans les procès pour agressions sexuelles, demeurent profondément imbues des mythes et des stéréotypes touchant les victimes « idéales », «réelles » ou « vraies » d'agressions sexuelles. En dépit des réformes progressistes du droit canadien concernant le consentement en matière d'agressions sexuelles, il n'en demeure pas moins qu'en pratique, le fardeau de la preuve et la crédibilité du consentement demeurent du côté de la victime et jouent souvent de manière préjudiciable et discriminatoire. L'idée subsiste que les « vraies » victimes d'agression sexuelle résistent et cette idée demeure inextricablement liée au mythe que les victimes « idéales » ou « authentiques » peuvent prouver leur statut de victime et établir la crédibilité de leurs accusations de viol en démontrant qu'elles ont résisté à l'agression et que leur résistance a pris une forme socialement attendue, de préférence une défense physique et vigoureuse. Le présent article analyse certains des problémes clés qui exigeraient une réforme en profondeur du droit en matière d'agression sexuelle, examine la ténacité des images juridiques déformées des victimes « idéales » ou « authentiques » d'agressions sexuelles, la tendance toujours actuelle de blâmer les victimes d'agressions sexuelles et de « faire disparaître » les auteurs du crime ainsi que la persistance d'une sorte d'analphabétisme psychologique en droit au sujet de la nature, les complexités et la gamme des façons par lesquelles les femmes viennent à bout de faire face à la violation et au traumatisme des agressions sexuelles.

Abstract

The archetype of the ideal sexual assault victim, which has been expanded somewhat over the years in response to increased social and legal awareness of violence against women, nevertheless still functions to disqualify many complainants' accounts of their sexual assault experiences. To this extent, the "ideal victim" myth continues to undermine the credibility of those women who are seen to deviate too far from stereotypical notions of "authentic" victims and too far from what are assumed to be predictable and "reasonable" victim responses. Credibility assessments, which are absolutely pivotal in sexual assault trials, remain deeply influenced by myths and stereotypes surrounding "ideal," "real," or "genuine" victims of sexual assault. Despite progressive Canadian sexual assault law reform with regard to consent, the onus of proof and credibility of consent in practice remains with the victim and plays out in often harmful and discriminatory ways. The persistence of the idea that "real" victims of sexual assault resist remains inextricably bound up with the myth that "ideal" or "real" victims can prove their victim status and establish the credibility of their rape claims by demonstrating that they resisted the assault and that their resistance took a socially expected form, by preferably vigorous physical fighting back. In this article, I assess some of the key problems that remain deeply in need of redress with regard to the law's response to sexual assault, analyzing the tenacity of distorted legal images of "ideal" or "real" sexual assault victims, the tendency still to blame sexual assault victims and "disappear" perpetrators, and the persistence of a kind of psychological illiteracy in law about the nature, complexities, and range of ways in which women cope with the violation and trauma of sexual assaults.

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