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Reviewed by:
  • L’enfant dans la langue
  • Nelleke Strik
Aliyah Morgenstern 2009. L’enfant dans la langue. Paris : Presses Sorbonne nouvelle. Pp. 254. 23.50 € (broché).

L’acquisition du langage est un processus qui se fait en plusieurs étapes. Ce livre a comme but de décrire comment le jeune enfant entre dans la langue et par quels stades il passe dans le processus de l’acquisition du langage. Le livre comprend deux parties. La première offre un panorama historique, décrivant des études de journaux apparus avant 1950. La seconde se compose de cinq études de corpus, qui présentent majoritairement les données issues de trois enfants francophones, enregistrés et filmés dans le cadre d’un projet plus large mené par l’auteure. Ces données font partie de la base de données CHILDES (MacWhinney et Snow 1985).

Le panorama historique débute par deux journaux précurseurs documentant deux enfants particuliers, le roi Louis XIII, décrit par son médecin personnel Jean Héroard au début du 17e siècle, et Victor, «l’enfant de l’Aveyron», décrit par Jean Itard, directeur de l’institut des jeunes sourds à Paris au début du 19e siècle. Ensuite, Morgenstern passe en revue une large variété de journaux écrits entre 1850 et 1950 par des scientifiques. Parmi les auteurs on trouve Charles Darwin (1877), qui a observé le langage de son fils (anglophone) et s’en est inspiré pour sa théorie de l’évolution, Werner Leopold (1939–1949), qui observe ses deux filles bilingues (allemand–anglais) et est l’un des premiers à analyser des données dans ce domaine, et Jean Piaget (1937), qui étudie le langage ainsi que le développement cognitif des ses trois enfants (francophones). Après ces études plus anciennes, l’auteure présente les premiers travaux de corpus longitudinaux menés à partir d’enregistrements audio, qui ont débuté à partir des années 1960 aux États-Unis. Par exemple, le corpus de trois enfants anglophones de Brown (1973), premier corpus à être intégré à CHILDES.

La seconde partie du livre commence par une description détaillée du corpus des trois enfants, incluant des informations sur chaque enfant, sur la méthode de recueil, la transcription, l’interprétation et la normalisation des données. L’approche théorique adoptée dans le livre est sociopragmatique et cognitive, impliquant que l’acquisition du langage reposerait sur des mécanismes cognitifs généraux. Le chapitre suivant porte sur la notion de grammaticalisation en acquisition du langage. L’auteure compare l’évolution des langues en diachronie à l’acquisition du langage chez l’enfant. Une des notions traitées est celle d’«emergent categories» (en anglais dans le texte), soit des formes atypiques et créatives utilisées par l’enfant (Clark 2003).

Les quatre études qui suivent se concentrent toutes sur un phénomène concret en acquisition chez les trois enfants du corpus. La première porte sur le pointage, c’est-à-dire des gestes exprimés par l’enfant avant qu’il ne parle et au moment où il commence à prononcer ses premiers mots (la période observée est de l’âge de 0;11 à 1;11). L’auteure conclut que l’activité de pointage aide l’enfant à entrer dans le langage, plus précisément dans la prédication. La prédication fait justement l’objet du chapitre suivant, qui décrit comment l’enfant passe des énoncés à un terme aux énoncés à deux ou plusieurs mots. La thèse défendue est la «verb island hypothesis» (en anglais dans le texte; Tomasello 1992), selon laquelle chaque verbe serait appris de façon indépendante, par petits îlots avec un ou plusieurs arguments.

Les derniers chapitres portent sur l’émergence des déterminants et sur les premières prépositions produites par les enfants. Il est observé que l’emploi des déterminants (surtout des articles définis dans les premiers stades) est précédé par un stade où l’enfant omet le déterminant ou produit des «fillers» (en anglais dans le texte), c’est-à-dire des syllabes ou des...

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