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Reviewed by:
  • Thémis dans la Cité. Contribution à l’histoire contemporaine des facultés de droit et des jurists
  • Emmanuelle Picard
Nader Hakim et Marc Malherbe (sous la direction de).- Thémis dans la Cité. Contribution à l’histoire contemporaine des facultés de droit et des juristes. Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2009, 442 pages. « Histoire du droit ».

Les historiens du droit ont investi, depuis une trentaine d’années, le domaine de l’histoire des facultés, des professeurs et de l’enseignement; la création en 1984 des Annales d’Histoire des facultés de droit, publiées aujourd’hui sous le titre de Revue d’histoire des facultés de droit et de la culture juridique, du monde des juristes et du livre juridique, et la multiplication des thèses consacrées aux personnels enseignants de telle ou telle faculté, au doctorat en droit ou encore aux liens entre juristes et milieux intellectuels et politiques 7 témoignent de ce tournant épistémologique. Grâce à un groupe de jeunes historiens du droit, cet intérêt pour une histoire de l’enseignement du droit qui ne se limite pas à une analyse de la doctrine, est en plein essor. Depuis 2008, des rencontres d’histoire des facultés de droit de province aux XIXe et XXe siècles sont organisées, aux côtés de nombreux autres colloques et journées d’études; tandis que se développent des programmes financés par l’ANR (Elidroit, sur la formation juridique des élites françaises, dirigé par Liora Israël) et des opérations collectives de grande envergure (CEDRE : prosopographie et recensement archivistique des professeurs des facultés de droit, 1802–1950, dirigé par Jean-Louis Halpérin, Frédéric Audren et Catherine Fillon). Il s’agit donc d’un domaine en plein essor, bénéficiant des apports croisés des travaux sur l’histoire des sciences sociales, l’histoire des élites et celle de l’enseignement supérieur.

Le colloque Thémis dans la Cité s’inscrit dans ce contexte. Au travers d’études monographiques, souvent centrées sur Bordeaux, où se déroule la rencontre, il s’agit de réfléchir aux liens qu’entretiennent les enseignants de droit avec l’action publique, qu’elle soit de nature administrative, politique ou militante. Comme c’est souvent le cas, la publication d’actes de colloque, souvent rapidement traités et sans véritable travail éditorial, donne lieu à la production d’un volume très inégal, tant sur le plan formel que sur le fond du propos. Mais surtout, c’est le caractère hétérogène des objets et des approches qui frappe le lecteur, laissant comme bien souvent, à la lecture de ce type d’ouvrages, un sentiment d’impressionnisme très frustrant. L’introduction, plus théorique que le reste du volume, tente de proposer une synthèse, qui repose davantage sur des questions d’ordre général (les modes d’interrelations entre les facultés et le monde social et politique) que sur une véritable réflexion typologique, résultant de la lecture des communications ainsi rassemblées. Il faut dire, à la décharge de [End Page 195] ses deux auteurs, qu’il n’était sans doute pas possible de dégager véritablement de grandes tendances/figures des monographies présentées. La majorité porte sur le corps enseignant, sous forme de portraits 8 (Frédéric Taulier, Joseph Barthélémy, Jean-Marcel Jeanneney, Léon Duguit, Franz Despagnet) ou envisagé par le biais d’un groupe (hommes de loi de l’Ancien Régime, professeurs dijonnais ou bordelais). À la lecture de ces communications, l’historien du social ne peut manquer de faire quelques remarques : en droit, le piège biographique semble parfaitement fonctionner. Les portraits proposés relèvent davantage d’une hagiographie que d’une analyse scientifique; ils sont largement décontextualisés, à la fois sur le plan général (histoire politique, économique et sociale) et sur celui de l’enseignement supérieur. L’absence des références majeures sur les thèmes des étudiants, des enseignants, ou même...

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