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Reviewed by:
  • La condition étudiante. Sociologie des étudiants et de l’université
  • Emmanuelle Picard
Georges Felouzis.- La condition étudiante. Sociologie des étudiants et de l’université. Paris, PUF, 2001, 300 pages. « Sociologie d’aujourd’hui ».

Au travers d’une enquête sociologique classique (analyse des parcours d’étudiants du premier cycle dans les universités bordelaises, par le biais d’une série d’entretiens répétés à plusieurs étapes du cursus), Georges Felouzis entreprend de saisir « la nature de l’université comme organisation et comme institution de formation ». Ce faisant, il entend dépasser le clivage traditionnel entre « sociologie des étudiants » et « sociologie de l’université » (entendue généralement comme une sociologie du corps enseignant ou des modes de gestion institutionnels), dans lequel chacun des termes est traité indépendamment de l’autre. Il s’agit alors de saisir l’institution universitaire au travers des usages que les étudiants en ont, dans la construction de leurs trajectoires individuelles, et par là de restituer la logique d’ensemble du système. Conscient de l’extrême hétérogénéité des situations, l’auteur a privilégié deux marqueurs : la discipline et le lieu d’études, et choisi un panel d’étudiants représentatifs des différentes conjonctions possibles. Par ailleurs, les facteurs liés à l’origine sociale, à la formation initiale (filière de baccalauréat) et au genre ont été largement déterminés par les tendances générales observées dans chaque filière (comme la sur-représentation des filles en lettres). Le questionnaire porte tout à la fois sur les représentations et les attentes initiales et leurs transformations, sur les conditions d’études et les modalités de construction et d’inflexion des trajectoires universitaires, mais aussi sur l’insertion dans le groupe (relation avec les autres étudiants par exemple).

La première moitié de l’ouvrage est consacrée au traitement de l’enquête qualitative. Sous le titre, « La condition étudiante en premier cycle », l’auteur analyse les adaptations progressives de 50 étudiants aux réalités de la vie universitaire, confronte leurs aspirations initiales aux contraintes des cursus choisis et met en évidence les différentes stratégies mises en œuvre pour poursuivre les études entamées. Il s’agit de répondre à une question générale : « à quels problèmes les étudiants sont-ils confrontés et comment parviennent-ils à les résoudre ? ». L’un des enjeux, et non des moindres, est de pouvoir suivre ces transformations dans leur dimension diachronique, afin de mettre en évidence les processus, et non de travailler sur le seul résultat (ce qui aurait été le cas en interrogeant des groupes distincts d’individus, l’un en début et l’autre en fin de parcours). De ce travail, émergent plusieurs conclusions : l’université, c’est d’abord l’apprentissage de l’indéterminé, de la solitude face à une institution qui ne produit pas de représentations ou d’attentes claires quant aux destins possibles de ceux qui la traversent. Comme le souligne G. Felouzis, le premier des apprentissages étudiants est de « résoudre cette question de l’indétermination, [de] trouver en eux-mêmes ou dans d’autres institutions les moyens de se définir et de déterminer les objectifs à atteindre, et ainsi de donner du sens à leur action » (p. 73). Il s’agit alors pour eux de procéder à un « réajustement progressif de soi », stratégie destinée à permettre à chaque étudiant de trouver les réponses appropriées aux demandes de l’institution. Être étudiant, c’est à la fois une « condition », au sens d’un ensemble de contraintes et de situations spécifiques; c’est aussi une « action », traduction effective des effets de l’apprentissage de ce qu’est le monde universitaire. Rester étudiant nécessite donc de maîtriser progressivement les attentes et les [End Page 191] modalités de l’institution, implicites, pour pouvoir les retraduire dans ses propres pratiques.

Dans la conclusion de la première partie, G. Felouzis souligne que désormais « l’université est une institution faible qui n’impose plus de réelle régulation des conduite »; ce qui l’am...

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