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Reviewed by:
  • Les mutations actuelles de l’Université
  • Emmanuelle Picard
Georges Felouzis (sous la direction de).- Les mutations actuelles de l’Université, Paris, PUF, 2003, 400 pages.

Ce livre est le résultat du premier colloque organisé en 2002 par le RESUP (réseau d’étude sur l’enseignement supérieur 2), réseau pluridisciplinaire de chercheurs créé en 2001 à l’incitation du ministère de la Recherche. Ce réseau a, depuis, de nombreuses réalisations scientifiques à son actif, dont des colloques internationaux réguliers, avec une attention toute particulière portée aux travaux des jeunes chercheurs.

La création du RESUP est liée au constat de la très grande faiblesse des recherches sur l’enseignement supérieur en France, qui, loin de constituer un domaine d’études à part entière, se dispersent entre quelques pôles et quelques individus. Mais malgré cette atomisation, ils s’inscrivent tous dans une problématique « œcuménique ”, selon le terme de G. Felouzis, à savoir une réflexion sur les conditions, formes, effets… du passage d’une « université des héritiers ” à une « université de masse ”, dans un contexte de forte croissance des effectifs étudiants, de concurrence renforcée entre les premiers cycles universitaires « ouverts ” et les cursus « fermés ” (CPGE, IUT…) et du triple processus politique de régionalisation, d’autonomisation des universités et d’harmonisation européenne. Pour traiter de ce « nouveau contexte académique ”, cinq thèmes sont ici abordés : les politiques locales (création des antennes délocalisées, relations recherche-industrie), la comparaison internationale (Europe, États-Unis et Indonésie), la gestion et le fonctionnement des établissements universitaires (analyse du marché du travail universitaire, des politiques de la recherche, de la création de diplômes), les parcours étudiants et l’insertion professionnelle (les inégalités liées aux effets d’établissement, le travail fourni durant les études, les CPGE et leurs effets sur les parcours, le rapport sélectivité-qualité de la formation dans les résultats d’une université) et, enfin, l’enseignement et l’offre de formation dans les universités (comparaison des flux d’entrée dans les universités, les écoles d’art, les licences professionnelles).

L’ensemble est riche… et épars, à l’image du champ. La majeure partie des travaux présentés ici sont issus de recherches en cours, qui ont donné lieu à des thèses (S. Mignot-Gérard) ou à des ouvrages (C. Musselin, G. Felouzis, M. Grossetti), dans lesquels ces thèmes sont développés plus en détail. Reste que l’idée de rassembler tous les spécialistes de l’enseignement supérieur en France au début du XXIe siècle est une initiative importante dans la perspective de donner davantage de visibilité à ces travaux. En ce sens, ce livre constitue une bonne introduction aux principales approches concernant l’étude de l’enseignement supérieur en France : c’est la sociologie qui domine le champ et très largement. Les politistes en sont absents, et les [End Page 185] géographes, rares il est vrai, n’ont pas collaboré. L’équipe du colloque comprend en outre deux spécialistes des sciences de gestion, et un des sciences de l’éducation, mais aucun historien, ce qui n’est pas très étonnant, le nombre des chercheurs en histoire de l’enseignement supérieur étant très limité et leur majorité s’intéressant plus au XIXe siècle qu’aux transformations en cours depuis la Seconde Guerre mondiale. L’analyse des laboratoires d’origine fait apparaître 3 principaux pôles : l’Université de Toulouse II, celle de Bordeaux II, et le CSO (Centre de sociologie des organisations, CNRS-FNSP, Paris). On peut surtout se féliciter de la place importante donnée à la comparaison internationale. Elle permet de comprendre les spécificités du système d’enseignement supérieur français, tout en soulignant qu’il est confronté aux mêmes questionnements de fond que ses homologues étrangers.

Ces limites, qui ne sont finalement que le résultat des faiblesses du champ de la recherche sur l’enseignement supérieur en France (et sur laquelle il conviendrait...

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