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  • La Substantivation de l'infinitif en français: étude historique
  • Annie D. Trégouët
La Substantivation de l'infinitif en français: étude historique. Par Claude Buridant. (Biblothèque de grammaire et de linguistique, 29). Paris: Champion, 2008. 384 pp. Hb €75.00.

Claude Buridant retrace ici l'histoire de la substantivation de l'infinitif, de l'ancien français (partie I) au français contemporain (partie IV), en passant par le moyen français et celui de la Renaissance (partie II) et le français classique (partie III). Une conclusion récapitulative est suivie d'une bibliographie des textes dépouillés et des études dans le domaine ainsi que d'un index des notions et des langues mentionnées dans l'ouvrage. En introduction, Buridant contextualise l'infinitif dans l'ensemble du système verbal et pose les paramè tres fondamentaux de ses emplois: comme apport ou comme support, le degré de virtualité, l'incidence interne ou externe (dans la perspective guillaumienne), ou encore la situation de l'infinitif par rapport à l'acte d'énonciation. Il ajoute que d'autres paramètres sont aussi à l'oeuvre: diachronique (montrant une évolution typologique) et diaphasique (témoignant d'options stylistiques). Buridant mentionne également les changements significatifs de l'infinitif substantivé au cours de son évolution dans le temps: l'emploi du pronom personnel régime, l'effacement à l'oral de la marque -r, la montée en tête d'énoncé des constructions avec les formes en -ant, ou encore le développement du vocabulaire abstrait. L'introduction se termine par une explication de la composition du vaste corpus étudié et de la périodisation adoptée. Dans la première partie de son étude, l'auteur analyse la situation de l'infinitif en ancien français à travers de nombreux exemples. Ces infinitifs sont soit essentiellement substantivés soit accidentellement substantivés, et leur caractéristique fondamentale est de pouvoir construire leurs arguments selon deux modèles: celui de la complémentation prépositionnelle (comme les noms) et celui de la complémentation directe (comme les verbes). L'infinitif substantivé est d'un emploi productif large, très répandu notamment en littérature. Dans la deuxième partie ('Moyen français et Renaissance'), Buridant nous informe que l'infinitif substantivé continue à être largement utilisé en moyen français, même si son utilisation est freinée par des facteurs sémantiques (néologismes de noms abstraits), syntaxiques (essor du gérondif circonstanciel) et phonétiques (effacement du -rfinal). À la Renaissance, la substantivation de l'infinitif a nouveau le vent en poupe. Influencés par la langue italienne, les poètes de la Pléiade et des auteurs tels Rabelais et Montaigne l'utilisent à des fins créatives. À la période classique (troisième partie), l'infinitif substantivé tombe en disgrace: les grammairiens ne l'aiment guère et son utilisation s'estompe, sauf chez quelques auteurs archaïsants (La Fontaine, Pascal). Dans la quatrième et dernière partie, l'auteur considère la substantivation de l'infinitif en français moderne et contemporain. Il note un regain de son utilisation qu'il explique par la capacité de l'infinitif substantivé à exprimer l'abstrait (notamment dans des domaines comme la philosophie) et par son caractère dynamique (dans les domaines techniques). L'ouvrage de Claude Buridant est très complet, et les informations qu'il donne sur ce phénomène linguistique important sont présentées de façon très claire. Pour chaque période étudiée, il base ses analyses sur un vaste corpus et les illustre par des exemples pertinents. Les références qu'il fait parfois à d'autres langues (romanes et germaniques) sont appropriées et contribuent à la richesse de sa présentation.

Annie D. Trégouët
University of Kent, Canterbury
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