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Reviewed by:
  • Vitalité littéraire au Maroc
  • Patricia Geesey
Redouane, Najib, coord. Vitalité littéraire au Maroc. Coll. Autour des textes Maghrébins. Paris: L’Harmattan, 2009. ISBN 9782296082144. 371 p.

Qui, dans le monde littéraire francophone, n’a pas entendu parler de Tahar Ben Jelloun? Question de rhétorique bien sûr, mais importante face à cette présente étude qui a pour objectif d’analyser et de faire connaître un groupe important d’écrivains contemporains marocains — un groupe dans lequel il n’est pas précisément question de Tahar Ben Jelloun.

Plus d’une vingtaine d’auteurs qui ont publié des ouvrages de fiction depuis 1990 sont étudiés dans ce volume ambitieux. Le fait qu’aucune femme auteur ne soit analysée dans ce volume s’explique peut-être par le fait que le directeur de cette publication est également l’auteur d’Écriture féminine au Maroc: Continuité et évolution (Paris: L’ Harmattan, 2006); aussi a-t-il choisi de se concentrer cette fois-ci sur des auteurs masculins. L’intention derrière cette collection d’essais, qui réunit des chercheurs du Maroc, du Canada, d’Europe, des États-Unis et d’Israël, est de “désenclaver cette littérature de l’hégémonie de ce qu’on appelle les fondateurs auxquels elle se réduit le plus souvent” (18). Cet objectif est bien fondé puisqu’en Amérique du Nord et en Europe, un trop petit nombre d’écrivains marocains ‘stars’ occupent la scène littéraire. Ce recueil sera bien utile pour redresser cette situation.

Un triste thème à constater dans l’introduction du volume de Najib Re [End Page 297] douane, et repris dans plusieurs des chapitres individuels, est que même au Maroc cette nouvelle littérature reste peu connue, et les écrivains s’y trouvent parfois isolés et sous-appréciés par le grand public et les chercheurs universitaires. Il est vrai qu’en apparence, l’industrie de l’édition au Maroc semble aller bon train, vu le nombre croissant de textes qui y sont publiés chaque année. Les auteurs étudiés dans ce volume ont pour la plupart publié leurs romans au Maroc, dans des maisons d’édition qui semblent proliférer depuis une dizaine d’années. Mais est-ce une indication que l’économie marocaine est entrée dans une période de stabilité et que la société elle-même bénéficie maintenant d’une plus grande liberté d’expression que pendant les années 1980? Najib Redouane cite le romancier Abdellah Taïa qui ne voit pas vraiment que l’accès au monde littéraire est devenu plus facile ou plus ouvert pour de jeunes écrivains qui débutent leur carrière littéraire au Maroc. Taïa note que la classe sociale de l’auteur et ses connexions personnelles sont encore des considérations qui déterminent si son roman verra le jour (20). Dans le chapitre consacré au romancier Habib Mazini, cet écrivain offre une explication pour le manque de lectorat au Maroc. Bien que le nombre de livres de fiction publiés dans ce pays augmente, le Maroc se trouve toujours handicapé par “l’absence de traditions de lecture, la faiblesse du pouvoir d’achat, [et] la persistance d’une population analphabète [. . .]” (267).

À travers la thématique de ces romans et nouvelles analysés par les chercheurs-collaborateurs inclus dans Vitalité littéraire au Maroc, on remarque que certains thèmes reviennent à plusieurs reprises dans cette littérature de la nouvelle génération, à savoir: la sexualité refoulée, la misère et l’exploitation des pauvres, le statut de la femme, la corruption et l’égoïsme des élites, l’hypocrisie religieuse et le désespoir des jeunes face à l’avenir. Les auteurs les plus concernés par la dénonciation des injustices et des inégalités de la société marocaine examinées dans les contributions sont Amale Samie, Mohamed Nedali, Mohammed Ali El Hassani et Rida Lamrini. Ce dernier, dans son roman Les Puissants de Casablanca (1999), dit à travers un personnage: “Qu’est-ce qui nous...

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