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Reviewed by:
  • Que vivent les femmes d’Afrique?
  • Cheryl Toman
Boni, Tanella. Que vivent les femmes d’Afrique? Paris: Panama, 2008. ISBN 9782755701425. 220 p.

On connaît déjà Tanella Boni — écrivaine ivoirienne internationalement réputée pour ses nombreux ouvrages qui comprennent des romans, de la poésie et des contes pour enfants. Mais Que vivent les femmes d’Afrique? est son premier essai. Boni entame sa discussion sur la femme africaine en rendant hommage à Awa Thiam et son livre innovateur pour l’époque intitulé La Parole aux Négresses (1978). Une comparaison des deux essais est édifiante. Si Thiam se concentre exclusivement sur les maux des Africaines, Boni favorise une autre approche sans méconnaître les épreuves auxquelles les Africaines font quotidiennement face. L’originalité de son essai réside dans la démonstration du pouvoir des Africaines et c’est pour cette raison que le livre de Boni a le potentiel d’être aussi connu et apprécié que celui de Thiam.

Dès l’introduction, Boni soutient la plupart de ce que Thiam nous avait présenté dans les années soixante-dix, tout en resituant ces sujets (polygamie, excision, mariage forcé, etc.) dans un contexte actuel. D’après Boni, deux réalités en particulier affectent profondément ce que vivent les femmes d’Afrique aujourd’hui: la guerre et l’immigration. Assurément, ces phénomènes ne sont pas nouveaux, mais certaines des manifestations en ont été rares, sinon inouïes. À propos de la guerre, par exemple, Boni cite l’exemple de la fille soldate, une situation inquiétante de plus en plus répandue.

Dans le premier chapitre de l’essai qui s’intitule “De la condition féminine,” Boni présente la femme africaine d’aujourd’hui en tant que femme entrepreneure à plusieurs niveaux. L’auteure explique comment le marché et le salon de coiffure sont les lieux symboliques de la femme contemporaine africaine — deux espaces de solidarité et de communication féminine d’importance culturelle, sociale, et commerciale. Boni parle également du pagne qui représente pour la femme africaine un autre moyen de transmission culturelle — une véritable forme d’oralité. Cette partie du chapitre sert de bon complément au livre écrit [End Page 282] en anglais par Aïssata Sidikou à propos de l’art verbal des femmes au Niger, au Mali et au Sénégal (Recreating Words, Reshaping Worlds: The Verbal Art of Women from Niger, Mali, and Senegal, 2000). Boni et Sidikou analysent une longue tradition orale liée à l’idée que le pagne était effectivement le premier “texte” qui transmettait des contes traditionnels à travers les images. Créé uniquement par les femmes, le pagne peut devenir un véritable “texte” que tout le monde arrive à comprendre quel que soit le niveau de scolarisation ou la langue maternelle de son “lecteur.” Ces deux livres à part, on trouve encore très peu d’informations sur ce sujet fascinant de la culture matérielle. Pagne traditionnel ou pagne wax, les deux jouent un rôle constitutif dans le langage du corps d’une Africaine, non seulement par les messages que les dessins transmettent, mais aussi par le concept du pagne vu depuis longtemps comme symbole de la beauté africaine. D’après Boni, les habits, les parures et les coiffures font comprendre les relations que les femmes africaines entretiennent avec les hommes et leurs jeux de séduction. Un point fort de ce chapitre, sinon du livre entier, c’est que le féminisme occidental ne s’applique toujours pas aux Africaines en soulignant les différences au niveau des constructions sociétales, sans pour autant dénoncer la culture occidentale. Adaptée à la société africaine, la phrase célèbre de Simone de Beauvoir devient selon Boni: “On naît fille, on devient mère, et on reste femme” (42), un statut “qu’il faut pouvoir assumer positivement” (42). Boni apprécie beaucoup le fait que la mère en Afrique est mère pour tous — enfants et adultes moins âgés qu’elle. Donc, la maternité n’est pas forcément le problème principal pour la femme africaine — comme le...

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