Being Arab: Ethnic and Religious Identity Building among Second-Generation Youth in Montreal (review)

Dans cet ouvrage bien structuré et documenté, Paul Eid nous invite à se questionner sur ce que signifie être arabe aujourd'hui dans une société canadienne qui a profondément changé depuis une vingtaine d'années, notamment suite aux événements du 11 septembre 2001 et à la lutte menée par les États-Unis contre le terrorisme. En proposant une étude de la construction identitaire de la deuxième génération d'immigration arabe dans la région de Montréal, l'auteur nous fait remarquer le grand besoin de mieux cerner les différents registres d'appartenance de cette population diversifiée. Quatre grandes questions permettent de circonscrire ce qui a façonné l'identité des jeunes Arabes canadiens et québécois : sont-ils un groupe ethnique attaché à une nouvelle conception de l'arabité? Quelle est la place de la variable religieuse dans leur identité? Comment se présente la variable du genre masculin/féminin dans les relations familiales et sociales? Quels sont les effets de la discrimination et du racisme sur les jeunes Arabes?

Dans un premier temps, l'auteur nous présente l'évolution historique de l'immigration arabe au Canada. Eid introduit bien la diversification de cette immigration, en s'intéressant surtout à comprendre les effets de la transformation des sociétés arabo-musulmanes depuis les années soixante-dix. Les nouvelles générations ressentent en effet différemment les événements politiques dans leurs pays d'origine. Ce qui aura une incidence sur la formulation de leur identité arabe et musulmane. On pense notamment au processus de réislamisation du monde arabe qui influence fortement le mode de vie des populations immigrantes en Occident. Sur cette question, l'auteur s'inscrit dans les analyses de plusieurs chercheurs, dont Olivier Roy et Jocelyne Césari, qui examinent les effets de la globalisation sur la construction identitaire arabe. L'auteur constate que la nouvelle génération est plus influencée par une certaine forme de religiosité qui se vit comme référent culturel et ethnique, la religion devenant ainsi un marqueur identitaire notable. Il est important de prendre en considération les conséquences de la mobilité transnationale des populations musulmanes, provoquant une sorte de détachement du territoire d'origine pour prendre une autre forme en Occident. Sortie en quelque sorte de ce territoire, l'identité se reformule dans une société civile pluraliste qui va permettre l'épanouissement de l'identité arabe et musulmane.

Dans un deuxième temps, l'auteur situe la recherche d'un point de vue théorique. Eid indique avec justesse qu'il est important de considérer la construction identitaire dans le cadre de son environnement, ce qui mène à une interaction entre le sujet et ce dernier. L'idée centrale à retenir est que l'auteur s'attache à comprendre le processus identitaire de la seconde génération qui se situe dans une dynamique incluant la communauté d'appartenance ethnique et la société d'accueil. L'analyse des effets déformants provoqués par la discrimination et le préjudice à l'endroit des jeunes Arabes illustre bien cette difficile dynamique identitaire de la reconnaissance. Ce qui retient notre attention est que la déformation de la réalité est pratiquée des deux côtés, soit par les jeunes Arabes et par les Canadiens non-arabes, les médias étant souvent responsables de cette stigmatisation de la minorité.

Dans les chapitres suivants, l'auteur de l'ouvrage analyse les données de l'enquête menée auprès de 250 étudiants arabes, musulmans et chrétiens, dans cinq Cégep de la région de Montréal. En combinant une démarche quantitative et qualitative, l'auteur distingue une série de variables permettant de définir l'identité de la seconde gén...