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Reviewed by:
  • Emblèmes d'une littérature
  • Catherine Kordoc (bio)
Martine-Emmanuelle Lapointe , Emblèmes d'une littérature. Le libraire, Prochain épisode et L'avalée des avalés, Montréal, Fides, coll. Nouvelles études québécoises, 2008, 363 p., 24,95$

L'ouvrage de Martine-Emmanuelle Lapointe fait le tour des discours critiques qui entourent les trois romans de Gérard Bessette, Hubert Aquin et Réjean Ducharme cités dans son titre, afin de dégager comment ils seraient devenus des textes emblématiques « de la désalinéation collective ». Pour ce faire, Lapointe procède à une « lecture croisée » de ces romans et des études critiques qui leur ont été consacrées. Son questionnement au fond porte sur les façons par lesquelles le texte littéraire est identifié comme étant emblématique, le rôle que joue ce type de texte par rapport à la formation d'une « mémoire littéraire nationale » - et vice-versa, comment cette mémoire confirme justement le texte dans son statut de « classique » ou d'emblème, deux notions qui ne sont pas toujours distinctes d'ailleurs. En outre, Lapointe suggère que les riches discours critiques qu'ont inspirés ces trois romans québécois les ont enfermés « dans une certaine modernité, plus politique, voire sociologique, que formelle et littéraire ». Il s'agit donc dans cet ouvrage d'examiner comment ces textes sont devenus emblématiques, de voir comment ils sont venus à être identifiés avec le projet national et d'identifier dans quelle mesure les lectures critiques constituent des limites ou des œillères en quelque sorte pour la compréhension de ces textes.

L'étude de Lapointe est organisée en quatre parties, la première faisant état du « grand récit » qu'est devenue la Révolution tranquille et explorant les nombreux concepts qui seront utiles aux analyses ultérieures, dont la mémoire collective, l'histoire, l'histoire littéraire et la formation des identités culturelles. Les trois autres parties sont chacune consacrées à un des romans en question, en commençant par Le Libraire (1960) pour ensuite passer à Prochain épisode (1965) avant de conclure par l'étude de L'avalée des avalés (1966). Curieusement, Lapointe, dans l'introduction de ces parties, fait référence à des « chapitres ». S'agirait-il d'une trace de la thèse de doctorat qui a précédé le livre ?

Les parties consacrées aux romans sont divisées en plusieurs chapitres qui examinent différents moments de la réception critique (encore une fois, des « chapitres » selon la table desmatières et les pages qui les divisent, mais selon Lapointe, des « sections »). Ainsi, en ce qui a trait à l'analyse du Libraire de Gérard Bessette, Lapointe examine dans un premier temps « la critique de la première réception » avant de passer à la réception subséquente qui établira ce roman comme emblème de la Révolution tranquille. Selon Lapointe, les critiques de ce texte ont « survalorisé le rôle de porte-parole du personnage de Jodoin ». Le même principe d'organisation régit les deux autres sections, dans lesquelles Lapointe examine d'abord la premiè re réception de Prochain épisode et de L'avalée des avalés avant de s'attarder, [End Page 111] dans le cas de Hubert Aquin, à divers éléments qu'ont privilégiés les critiques, notamment, le mythe de l'auteur, la dimension politique du roman - plus particulièrement la problématique du Sujet-Nation - et finalement, l'inscription fictive du personnage d'Aquin dans d'autres ouvrages de fiction. La quatrième et dernière partie, consacrée à l'œuvre de Réjean Ducharme, traite du mystère entourant l'identité (sinon l'existence) de l'auteur même, avant d'examiner les différents éléments de l'œuvre étudiés par les critiques, dont l'enfance, le langage, la judaïté, entre autres.

Il faut dire que les analyses de Lapointe sont très rigoureuses et approfondies et qu'elle tente de répondre aux questions que le lecteur avisé pourrait se poser au fil...

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