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  • Théâtre 2008
  • Mariel O'Neill-Karch (bio)

Dans La culture en soi, publié en 2006, Gilbert Turp se penche sur le rôle fondamental de la culture dans notre société et surtout sur la part importante jouée par le théâtre. Il y est question du métier d'acteur, mais aussi d'hommes de théâtre qui ont donné l'essor au théâtre québécois : Gratien Gélinas, Marcel Dubé, Michel Tremblay et André Brassard. Lorsqu'il se penche sur le théâtre contemporain, cependant, il est surtout question de productions où l'image prime sur le texte. Au sujet d'un spectacle de Dave Saint-Pierre, par exemple, il écrit : « Ce spectacle se veut de la danse-théâtre, c'est-à-dire ici ni l'un ni l'autre mais un genre ayant parfaitement intégré la désintégration des catégories. » Il est évident que, dans une recension qui rend compte de pièces de théâtre publiées, la « désintégration des catégories » sera nécessairement moins marquée. [End Page 64]

Actes Sud

Pour rendre hommage à un ami de longue date qu'elle admire beaucoup, Nancy Huston signe la préface de Jacques Noël, décors et dessins de théâtre et décrit ainsi l'univers de ce magicien français présenté dans un volume rempli d'images à faire rêver : « Objets fétiches proliférants (cornes ou chaises de Ionesco, chapeaux melon de Marceau) ; fausses perspectives à la Piranèse ; corps humains grimés costumés bariolés volant s'élançant se fondant se confondant. » Tout en rendant hommage à Noël, Nancy Huston révèle encore une fois sa parfaite maîtrise de la langue qu'elle sait ajuster avec éloquence, qu'il s'agisse de décrire des décors de théâtre ou de créer elle-même un univers dans lequel le public est convié.

Avec son fils, Sasha Todorov, Nancy Huston s'est amusée à créer Mascarade, une pièce pour enfants où deux interprètes jouent, à l'aide de masques, une dizaine de personnages. Dans la première scène, nous rencontrons un loup affamé qui voit gambader une joli petite chèvre : « Ô rage ! Que vois-je ? Rêvé-je ? », style qui fait écho à celui du Cid de Corneille. Lorsque la chèvre lui demande s'il est perdu, le loup lui annonce que c'est plutôt elle qui l'est, car il a l'intention de la dévorer. Pour le décourager, la petite révèle qu'elle vient de brouter de l'ail et ajoute : « elle ne vous plairait pas du tout, ma chair. . . » Le loup, insulté dans sa masculinité, corrige : « Mon cher ! ». La chèvre enchaîne : « Oui, c'est ça ; ma chair, mon cher, risque fort de vous déplaire. » On aura compris, cette petite pièce est farcie de délicieux jeux de mots qui riment souvent et qui feront les délices des enfants et de leurs parents. À la fin, on trouve quelques pistes pédagogiques qui permettront aux enseignants de faire ressortir la construction des personnages, le développement du récit, l'importance des masques, l'intertextualité et les procédés d'écriture.

Enfin, Nancy Huston, dans L'espèce fabulatrice, répond à la question d'une détenue accusée de meurtre : « À quoi ça sert d'inventer des histoires, alors que la réalité est déjà tellement incroyable ? » Pour arriver à répondre à cette femme, Nancy Huston explore la naissance du sens qui vient des liens inextricables qui se tissent entre la fiction et le moi : « L'on ne parvient à agir et à comprendre que grâce à l'identification, au décalage, au recul, à la simplification et à l'essentialisation, à la ressemblance et à la représentation. . . bref, grâce au masque. » Quoiqu'il soit surtout question de roman, dans cet essai, il est évident que tout ce qui touche à la fabulation vaut aussi, de façon un peu différente, pour le théâtre. [End Page 65]

La Bagnole

De plus en plus de dramaturges choisissent le monologue comme forme dramaturgique. Jennifer Tremblay, avec...

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