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130. LA NOTION DE CIRCONSTANCE DANS LAS PHILOSOPHIE DE HUME Hume fait un usage irrégulier, mais presque toujours remarquable de la notion de circonstance. Certes, la notion n'est pas nouvelle. Mais, d'une part, notre auteur la transpose de l'ordre de la loi morale ou civile qui, normative, a toujours à connaître les circonstances réelles au moment de son application, à l'ordre de la causalité naturelle qui règle les opérations du monde et les actions des hommes. D'autre part, Hume étend de façon considérable l'emploi du mot, tirant avantage du caractère irréductiblement vague de sa signification. La circonstance qui, selon le sens commun, est ce qui s'ajoute de façon contingente à la loi, désignera, par extensions successives, l'articulation des plans de causalité, la détermination par laquelle la cause opère, la mesure de la nécessité rapportée à l'expérience passée, enfin les liaisons de l'esprit. Et, quoiqu'elle ne soit jamais elle-même l'objet d'une réflexion propre, la notion eh vient à exprimer la double exigence méthodique de la spécification et de la généralisation, la nature critique du jugement scientifique, la conséquence sceptiques de la science de la nature humaine. C'est cette triple valeur méthodique, critique et sceptique, que nous nous proposons de ressaisir, à la lumière d'une étude qui prend pour base l'analyse des occurences expresses du terme. Sans prétendre avoir procédé à un recueil strictement exhaustif, nous voudrions faire la preuve qce la notion de circonstance apparaît à tous les moments décisifs de l'analyse humienne de la connaissance. I. Le sens dont il faut partir est le sens le plus commun. La circonstance est tout élément, trait ou détail qui, de façon contingente, entoure ou 131. s'ajoute à un événement, à un caractère ou à la production d'un effet (T447; E90; 95,- 128...). Opposée à la nécessité (T476), elle est liée à une situation (T409; 537), à une occurence (E55). Tantôt, elle reste à préciser (T287: in certain circumstances; T539: in some circustances opposé à in all circumstances); tantôt, elle est distinguée par son caractère extraordinatire (T21). Ici, on marque l'identité des circonstances (E85); là, on insiste sur leur diversité (T563). Hume rend parfaitement ce premier sens, qui appartient à l'usage, lorsqu'il s'attache à définir le rôle de l'histoire. L'histoire a pour fonction de montrer au philosophe combien la nature humaine est constante. Its chief use is only to discover the contant and universal principle of human nature, by showing men in all varieties of circumstances and situations... (E83). Les circonstances font la trame menue et adventice de l'histoire, sur laquelle s'impriment les lois de la nature humaine. En dépit de leur variété et de leur écoulement irréductible, elles témoignent de la constance des principes et vérifient les effets du système causal que la science de l'homme se propose de dégager. Si, par elles-mêmes, elles peuvent retenir l'intérêt de l'annaliste, qui écrit l'histoire selon l'ordre de la succession et qui prend plaisir au détail des événements, elles sont négligées par le philosophe qui forme des raisonnements de causalité. Cependant, il convient d'observer que la circonstance ne se confond pas avec l'accident. Ce dernier, absorbé par sa contingence, est voué à l'oubli. Au contraire, la circonstance mérite d'être remarquée, car elle se rapporte toujours à une loi dont elle accompagne l'application. Bien plus, loin d'être une matière passive sur le fond de laquelle les principes de causalité viendraient inscrire leurs 132. effets, elle engendre elle-même un effet propre (T143; 151); elle est elle-même la source, d'une causalité qui porte sur l'opération des lois auxquelles elle s'ajoute. Elle est le principe· d' une effectivité qui, pour être seconde, n'en est pas moins déterminante. Cette influence peut prendre des formes diverses. Dans un cas...

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