Abstract

Pendant deux millénaires, les Juifs du Maghreb vivaient presqu'en symbiose avec les Musulmans, constituant une communauté à la fois humiliée et protégée. La colonisation de l'Algérie par la France, et surtout le Décret Crémieux, qui accordait la nationalité française aux Juifs d'Algérie, provoqua une rupture à l'intérieur d'une communauté remarquable jusque-là pour sa cohésion. L'arrivée continue et en masse au Maroc, pays riche en possibilités, des Juifs algériens éduqués et assimilés à la culture occidentale et ses instruments économiques, bouleversa la composition démographique et socio-culturelle et le statut économique des Juifs du Maroc, d'Oujda, en particulier. En effet, les Juifs français s'arrêtaient de préférence dans cette petite ville marocaine, à la frontière algérienne. L'article examine la brèche socio-économique et culturelle qui s'élargit progressivement entre les deux groupes pendant les cinquante années du Protectorat français au Maroc. Ces différences expliquent pourquoi, au moment de l'indépendance du Maroc en 1958, la presque totalité des Juifs algériens d'Oujda alla en France. Les Juifs marocains émigrèrent vers Israël, réaffirmant ainsi la division qui avait marqué la communauté d'Oujda.

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