Abstract

Les missionnaires catholiques jouaient un rôle central dans les efforts à éduquer les peuples indigènes de Cameroun, partie de la "mission civilisatrice" que les français s'attribuaient. Empressés à avancer la propagation du christianisme, les Catholiques cherchaient à éduquer les femmes et les mères chrétiennes en établissant des écoles de filles dont la mise au point des cours d'études était presque exclusivement sur la religion et les sciences ménagères. A côté des écoles de filles proprement dites, les missionnaires tenaient aussi une institution spéciale appelée sixas, partie de la campagne de l'église contre la polygamie et la cohabitation pré-maritale. Conçue à l'origine comme des écoles internates du catéchisme pour les fiancées des convertis natifs, les sixas devenaient les refuges des femmes qui s'échappaient des mariages polygames et servaient du tremplin de l'intervention de l'église dans la culture native. La prolifération des sixas partout dans lé territoire du mandat français du Cameroun causait de mécontentement intense parmi les hommes natifs et des fonctionnaires coloniaux; tous les deux prennaient la position que les sixas produisaient du désordre et minaient à la société traditionnelle des tribus. La tension dans les relations entre l'église et l'état éclatait finalement en 1930 dans "l'Affaire des Sixas," au cours de laquelle l'administration coloniale menacait à fermer les sixas sous le prétexe qu'elles étaient illégales et menacaient l'ordre public. A fin de réduire les soucis gouvernementaux l'église élargissait les programmes des cours d'études des sixas, les transformantes en institutions académiques régulières.

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