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  • Relations familiales dans les littératures française et francophone des XXeet XXIesiècles
  • Marie-Claire Barnet
Relations familiales dans les littératures française et francophone des XXeet XXIesiècles. 2 vol. Sous la direction de Murielle Lucie Clément et Sabine van Wesemael. Paris: L’Harmattan, 2008. Volume I: La Figure du père. 370 pp. Pb. €33.50. Volume II: La Figure de la mère. 393 pp. Pb. €34.50.

Ces actes du colloque international sur les relations familiales dans la littérature française et francophone, à l’Université d’Amsterdam en 2006, ouvrent un vaste champ d’études littéraires au-delà des frontières de l’Hexagone. Deux volumes thématiques offrent ‘un survol diachronique du XXe siècle’ (i, 7; ii, 5) — Proust, Colette, Gide, Bataille, Camus, Sartre, Yourcenar, Duras — tout en mettant l’accent sur ‘l’extrême contemporain’ — Bergounioux, Bouraoui, Cixous, Condé, Djebar, Ernaux, Germain, Houellebecq, Huston, Laurens, Makine, Le Clézio, Michon, Millet, NDiaye, Nimier, Nothomb, Gabrielle Roy, Tremblay, Weyergans, entre autres. Ce double programme d’études des liens de famille se veut ‘rénovateur’, ne mettant plus seulement l’accent sur une approche féministe et psychanalytique des conflits mère–fille, mais sur une pluralité de genres littéraires, vus sous divers angles multidisciplinaires — culturels, historiques, linguistiques, sociologiques. On note une très grande richesse de l’analyse, mais aussi une certaine confusion dans la présentation thématique, redoublée par la répétition de l’Introduction similaire pour les deux volumes, au sein desquels se glissent, par ailleurs, des études qui traitent longuement de la figure paternelle dans le volume [End Page 377] placé sous le sceau de l’analyse de la figure maternelle (le remarquable essai d’Isabelle Roussel-Gillet sur la photographie chez Ernaux et Le Clézio (vol. ii)), ou des études approfondies sur la figure du frère: le brillant essai de Christa Stevens démêlant les fils complexes autour du frère remplacé/déplacé dans l’œuvre de Cixous, à savoir les rouages de ‘la double machine familiale mythique et narrative’ cixousienne (ii, 364), qu’on pourrait relier à l’analyse de Ramla Ayari sur la représentation et l’influence de la fratrie dans les ‘biographies-mémoires’ de Gisèle Halimi (i, 257). Certains chapitres échappent aussi, à juste titre, aux sous-titres des deux volumes, à l’instar d’un des plus ambitieux essais de ce double ouvrage collectif, l’étude magistrale de Christine Détrez sur ‘le conjugalisme et le familialisme de l’immoral’ (ii, 333), mettant en lumière le paradoxal ‘idéal’, familial et amoureux, chez certaines auteures françaises contemporaines — qu’on réduit parfois trop souvent au dilemme du ‘sexe et sentiment’ (ii, 339) — soulignant, au contraire, comment et en quoi les représentations normatives des orientations culturelles et sexuelles peuvent se refléter et se réfracter dans les discours litté- raires, médiatiques et scientifiques (notamment la neurobiologie). La famille dans la littérature contemporaine de langue française est un sujet peut-être plus traité dans le monde universitaire international que les éditrices ne l’affirment, mais leurs volumes ont le mérite de ré-insister sur le changement de statut du père, et du poids de cette figure absente, floue, ou déficiente (voir les très fines analyses de Séverine Bourdieu, Sylvie Ducas, Valérie Dusaillant-Fernandes, Lori Saint-Martin). On regrettera l’absence d’index, ou celle de liens intertextuels entre certains chapitres, repères qui auraient permis, somme toute, de clarifier les profonds échos révélateurs (sur les usages de la photographie) que les lecteurs pourront noter parmi ces études variées.

Marie-Claire Barnet
Durham University
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