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  • La Société Saint-Vincent-de-Paul au XIXe siècle. Un fleuron du catholicisme social
  • Axelle Brodiez
Matthieu Brejon de Lavergnée .- La Société Saint-Vincent-de-Paul au XIXe siècle. Un fleuron du catholicisme social. Paris, Éditions du Cerf, 2008, 713 pages. « Histoire religieuse de la France. »

Issue d'une thèse soutenue en 2006 à l'Université Paris IV et intitulée « La Société Saint-Vincent-de-Paul à Paris au XIXe siècle (1833-1871) : prosopographie d'une [End Page 148] élite catholique fervente », la publication s'est faite sous un nouveau titre plus général qui lui sied bien moins, puisque le travail est totalement centré sur Paris et l'analyse des élites en charité. L'ouvrage, qui comble un réel manque en histoire tant sociale que religieuse, s'inscrit dans une vague de nouveaux travaux sur les associations caritatives, prises ici à leur source. L'analyse part de 1833, année de création de la Société, à 1871, date de la Commune de Paris et de la création de l'Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers ; durant cette période globalement faste, la Société, alors peu concurrencée, connaît un fort développement et un véritable âge d'or que l'auteur s'attache à analyser.

Une première partie aborde la genèse et le développement de la Société. Créée un soir d'avril 1833 par six étudiants et un maître qui réfléchissent aux moyens de visiter les pauvres du quartier de la place de l'Estrapade, la Société s'inscrit dans un contexte de vitalité des mouvements de Réveils charitables et religieux. Dépassant la « querelle des fondateurs » opposant les tenants de Frédéric Ozanam, le jeune étudiant charismatique, et ceux d'Emmanuel Bailly, l'homme d'œuvres expérimenté, l'auteur propose de relire la fondation non comme un moment ponctuel mais un « temps » fait d'une série d'actes étalés de 1833 à 1835, et l'œuvre non d'une personne mais d'un « groupe fondateur ». Durant les deux premières années, en effet, un mode de fonctionnement durable s'instaure : l'activité première est la visite des pauvres à domicile, et les secours sont principalement fournis en nature via des bons ; les finances reposent sur les quêtes réalisées en séances puis, rapidement, également sur des appels aux dons extérieurs ; les réunions, hebdomadaires, s'ouvrent et s'achèvent par des prières et des lectures édifiantes ; le recrutement – de membres exclusivement catholiques – se fait par cooptation ; chaque membre est responsable d'une ou plusieurs familles ; enfin, au fil de la croissance, la Société se divise en « sections » calquées sur le cadre paroissial. L'auteur cherche aussi à cerner le profil de cette première génération et a recours aux analyses de réseau pour comprendre les voies de la cooptation.

À partir des années 1850, la Société entame une phase de croissance rapide, atteignant en 1854 son pic de créations annuelles – en 1872, 1 765 conférences auront ainsi été créées. Elle essaime largement en France, avec une carte qui recoupe relativement bien celles de la France religieuse et de la France urbaine. Elle se développe aussi en région parisienne, gagnant non sans difficultés les arrondissements périphériques (années 1830 et 1840), puis la banlieue (années 1850 et 1860). Le développement se fait donc selon un double modèle : « paroissial » pour le cadre, et « missionnaire » par la volonté d'extension.

La deuxième partie traite de « l'organisation de la charité ». Elle porte les structures et leur fonctionnement (Conseil général, Conseil de Paris, conférences locales), les évolutions budgétaires au prisme du cas parisien, l'emploi des fonds. Les recettes proviennent ainsi globalement pour un tiers des quêtes ordinaires en séance (proportion en baisse au fil des années) et pour moitié de l'organisation de sermons, loteries et concerts de charité (en hausse). Les dépenses sont très majoritairement consacrées...

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