In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • L'Union de la Jeunesse républicaine de France, 1945-1956. Entre organisation de masse de jeunesse et mouvement d'avant-garde communiste
  • Marc Giovaninetti
Guillaume Quashie-Vauclin .- L'Union de la Jeunesse républicaine de France, 1945-1956. Entre organisation de masse de jeunesse et mouvement d'avant-garde communiste. Paris, L'Harmattan, 2009, 265 pages. Préface de Michel Dreyfus.

Enfin un livre sur les Jeunesses communistes ! Car si le Parti communiste français et sa mouvance ont depuis une vingtaine d'années nourri bien des travaux d'historiens alléchés par l'accessibilité des archives du PCF lui-même et de son organisation mère moscovite le Komintern, ses organisations de jeunesse restaient encore largement hors menu. Pourtant, pour mettre en culture cette friche historiographique, les sources ne manquent pas, entre les archives susnommées, la presse communiste, et les souvenirs rédigés ou livrés oralement par des vétérans. Un des mérites de Guillaume Quashie-Vauclin est de faire le point sur ces différentes sources dans lesquelles il a puisé, particulièrement le journal L'Avant-Garde et le fonds Raymond Guyot des archives du PCF. Car son ouvrage, prolongement d'un master 2 consacré à la question, est indiscutablement « universitaire » et non partisan, cautionné par l'autorité de Michel Dreyfus, même si l'auteur appartient au sérail, ce dont il ne se cache pas en introduction.

En fait de Jeunesses communistes, c'est à l'Union de la Jeunesse républicaine de France (UJRF) que le jeune chercheur s'est attaché, mais sous ce vocable se camoufle sans que personne n'en ait été jamais dupe l'organisation de jeunes du PCF entre 1945 et 1956, ces deux dates butoir étant en elles-mêmes remarquables, même si la [End Page 162] coïncidence avec la deuxième paraît fortuite. À l'inquiétude formulée par Guillaume Quashie-Vauclin de n'avoir « pas trop trébuché », répondons d'emblée qu'il nous semble avoir pour l'essentiel évité les faux pas. On peut même saluer la richesse d'un travail mené en deux ans seulement, entre masters 1 et 2.

L'auteur pose avec clairvoyance les enjeux qui sous-tendent les transformations imposées aux « Jeunesses », en mettant particulièrement en lumière une tension qui parcourt toute l'histoire du PCF en opposant deux objectifs difficilement conciliables : celui de constituer le moteur de la transformation en vue d'une société égalitaire, avec pour cela l'alternative de s'allier à d'autres forces révolutionnaires ou au contraire de les éliminer, et celui, plus modeste, mais plus immédiatement gratifiant, de s'unir à d'autres composantes politiques jugées progressistes pour gouverner de concert. Chez les Jeunesses, cela se traduit par « l'impossible dépassement de la contradiction » entre « mouvement d'avant-garde communiste » et « organisation de masse de jeunes ». La deuxième option s'impose en 1945, avec l'abandon de l'épithète communiste, alors que le rétablissement de la dénomination initiale en 1956 signifierait le retour à une tactique « sectaire ».

Guillaume Quashie-Vauclin n'ignore pas le passé, lorsqu'il rappelle que l'idée d'unification des jeunesses dans un vaste conglomérat quasi-apolitique remonte au Front populaire ; ni l'avenir, quand il indique que l'organe L'Avant-Garde change son titre en Nous les garçons et les filles dans les années 1960. Il aurait pu préciser que le sous-titre du journal avait déjà été modifié en 1936, et que le 9e Congrès des JC en 1937 se présentait tout bonnement comme celui de la « Fédération des Jeunesses ». Il aurait surtout été intéressant de se demander pourquoi L'Avant-Garde n'a pas changé son titre en 1945, alors qu'il prouvait ainsi de façon évidente la continuité, voire la confusion, entre jeunes communistes et jeunes « républicains » (ne serait-ce pas en liaison avec les quotas de papier alors rationnés pour chaque titre ?). Enfin, une remontée plus haut dans le passé aurait permis de relever les pr...

pdf

Share