Abstract

Begun in the early nineties, the "circles" or halaqat have found increasing success in the bourgeois neighborhoods of Cairo. Far from producing a new, progressive discourse, as one might expect of educated, activist women who are pioneers in the taking up of religious responsibilities, the Egyptian preachers spread a conservative message of moral discipline and patience in struggle. This expression of religious feeling takes place in large meetings in female prayer rooms, as well as in private meetings conducted by rich, pious women in Cairo's bourgeois neighborhoods. In conformity with their sexualized, segmented notion of space, these women categorically refuse to insert themselves into public spaces, instead delegating these to men. Despite all this, however, these women hardly conform to the stereotype of the wife who is submissive to male supervision; they argue and dispute a variety of social subjects. Their dynamism, their political consciousness, and their increasingly central role in religious matters, lead us to redefine what role they really play in the public sphere as well as their function in of « re-Islamicizing » Egyptian society, a process which has been underway since the 1980s. Analysing the discourse and practice of these women permits us to explore the notion of an « informal » feminism in female spaces.

Abstract

Lancés au début des années 1990, les « cercles » ou halaqât ont de plus en plus de succès dans les environs bourgeois du Caire. Loin de produire un discours nouveau et progressiste, comme on l'attendrait de femmes actives, lettrées et pionnières dans la prise de responsabilités dans le domaine religieux, les prêcheures égyptiennes diffusent plutôt un message de rigueur morale, et de patience dans l'épreuve. Elles refusent catégoriquement d'investir l'espace public, qu'elles délèguent définitivement aux hommes, conformément à leur représentation segmentaire et sexuée de l'espace. Pour autant, ces femmes ne correspondent pas tout à fait au stéréotype de l'épouse soumise à la tutelle masculine, et argumentent et réfutent, versets et hadîth à l'appui, sur les sujets de société les plus divers. Par ailleurs, leur dynamisme et leur place désormais centrale dans le champ religieux, ainsi que leur conscience politique déployée, nous amènent à redéfinir leur rôle effectif dans l'espace public, et leur fonction dans le processus de réislamisation par le bas impulsé dans la société égyptienne à partir des années 1980 par les mouvements islamistes. L'analyse des discours et des pratiques de ces femmes permettra peut-être de soulever l'hypothèse finale d'un féminisme « informel » dans ces espaces féminins.

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