University of Toronto Press
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Jean-Michel Salaün et Clément Arsenault, dirs. 2009. Introduction aux sciences de l’information. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréeal en collaboration avec La Découverte. 240 p. ISBN 978-2-7606-2114-5 (broché). CAN 29,95 $ / 27 €.

L’Introduction aux sciences de l’information a été écrit par l’ensemble des professeurs de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI) de l’Université de Montréal. Le manuel a été coordonné par Jean-Michel Salaün, Directeur de l’EBSI et spécialiste de l’économie du document, et Clément Arsenault, spécialiste de la recherche d’information. Comme son titre l’indique, cet ouvrage a pour objectif de fournir « les clefs du monde des sciences de l’information ». Il s’agit d’un manuel de base destiné aux étudiants francophones démarrant un cursus dans ce domaine.

Le plan a été pensé de manière à ce que deux types de lectures soient possibles : d’une part, une lecture intégrale et classique (i.e. « au fil de l’eau ») ; d’autre part, une lecture chapitre par chapitre, les parties pouvant être abordées en tant qu’unités propres et indépendantes. La présence de références spécifiques en fin de chaque chapitre ainsi que l’index général participent de cette lecture ciblée. [End Page 235]

La première partie est consacrée aux acteurs des sciences de l’information et à leur environnement : professions, associations, institutions. Du documentaliste à l’architecte de l’information en passant par l’archiviste ou le records manager, les métiers sont expliqués aussi bien du point de vue historique que du point de vue de la culture métier et des aspects relatifs à la formation des professionnels. Les bibliothèques, centres de documentation et centres d’archives sont ensuite décrits en termes de missions, d’organisation et de fonctionnement. L’évolution de ces « institutions documentaires » est également abordée : le numérique a évidemment induit de nombreux bouleversements. Trois exemples concrets illustrent ces transformations, dont la fusion des archives et des bibliothèques nationales du Canada d’une part et du Québec d’autre part. Cette première partie s’achève par une présentation des associations classées par pays ainsi que de quelques revues professionnelles en sciences de l’information.

Le deuxième chapitre porte sur le document et son traitement : description, classification, indexation, condensation. Dans chaque cas, sont évoqués les objectifs, processus, normes ou schémas et produits de ces étapes de traitement, ainsi que les possibilités d’automatisation. Il y est donc, entre autres, question des normes, règles et formats régissant la description bibliographique : ISBD, RCAA, RDDA, MARC, Dublin Core. Les processus de classification sont également expliqués et illustrés à l’aide d’exemples concrets.

La troisième partie est la plus volumineuse de l’ouvrage. Elle est consacrée à la recherche d’information. Cette activité est décrite en détail, en commençant par les fondements historiques et les concepts clés. Le processus de base d’une recherche est décortiqué et expliqué en se basant sur les éléments mis en jeu et les étapes, du point de vue du système et de l’utilisateur. Plusieurs modèles de comportement informationnel sont présentés : constructions individuelles et organisationnelles du sens, états anomaux, processus de résolution de problème, etc. Les sources, outils, procédures et stratégies de recherche sont également abordés. Un aperçu clair des techniques de recherche est donné (opérateurs booléens, troncature. . .). Le chapitre se conclut sur la question de l’évaluation et des mesures de performance d’une démarche de recherche.

L’histoire de la lecture et des pratiques culturelles constitue le point d’entrée du quatrième chapitre, consacré aux pratiques des utilisateurs. L’avènement du numérique, la rupture créée par l’accès aux données [End Page 236] électroniques ainsi que l’évolution induite par l’aspect participatif du Web dit 2.0 sont ensuite exposés. Une attention particulière est portée aux « natifs du numérique » connus également sous la dénomination « génération Internet ». Pour finir, les contributeurs insistent sur les disparités qui existent dans les pratiques et la fameuse fracture numérique, qui existe entre les pays du Nord et du Sud, mais également entre les pays développés et au sein de chaque pays. Cette partie se conclut naturellement sur l’importance et les objectifs de la prise en charge de la formation à la maîtrise de l’information. Il est rappelé la nécessité de sensibiliser et former dès leur plus jeune âge et tout au long de leur vie les usagers de l’information. Cela peut être un des rôles des bibliothécaires, en collaboration avec les enseignants.

Pour conclure, l’ouvrage propose une partie consacrée à la gestion straté-gique de l’information. Après avoir défini ce concept et son évolution, les auteures décrivent les concepts clés du domaine (stratégie informationnelle, politique d’information, culture et comportements informationnel, etc.). Veille stratégique, gestion des connaissances et gestion de la mémoire organisationnelle sont ensuite abordées du point de vue du professionnel de l’information. Ce chapitre s’achève sur des données plus concrètes et propose un éclairage sur les situations réellement observées, notamment au gouvernement fédéral canadien. Le rôle des professionnels de l’information dans la gestion et la maîtrise de l’information stratégique des organisations ponctue cette partie.

Les contributeurs ont su totalement prendre en compte leur public potentiel : l’ouvrage est accessible et clair. Les nombreux exemples concrets ainsi que les différents schémas illustrent parfaitement le propos. De même, la double culture nord-américaine et française pourra toucher un large public potentiel.

Certains points auraient certes pu être abordés ou approfondis, par exemple l’articulation des métiers des sciences de l’information et de l’informatique et des limites et intersections de ces domaines. Néanmoins, comme les auteurs le soulignent, l’ouvrage constitue bien une introduction possible aux sciences de l’information. Cette discipline étant tellement dynamique et évolutive, l’exhaustivité n’était pas envisageable. Le lecteur connaissant déjà le domaine pourra donc rester sur sa faim. Le néophyte aura un panorama, si ce n’est exhaustif, du moins fouillé, illustré, documenté. L’ouvrage saura certainement lui donner envie [End Page 237] d’aller plus loin, de poursuivre la découverte du domaine. La richesse de la bibliographie devrait l’y inciter.

En conclusion, la lecture de ce manuel devrait être conseillée à tout étudiant francophone entamant une formation dans le domaine des sciences de l’information. [End Page 238]

Stéphanie Pouchot

Stéphanie Pouchot, Maître de conférences, Université Claude Bernard Lyon 1, France

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