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Reviewed by:
  • Reigniting the labor movements: restoring means to ends in a democratic labor movement
  • Keith Mann
Gerald Friedman .- Reigniting the labor movements: restoring means to ends in a democratic labor movement. Londres, Routledge, 2008, 195 pages.

Le livre de Gerald Friedman constitue une longue réflexion sur la crise du mouvement ouvrier, essentiellement aux États-unis, mais aussi à l'échelle internationale. Économiste de formation, Friedman approche les questions du mouvement ouvrier selon une optique à la fois économique, historique et sociale, avec une prédilection pour la comparaison franco-américaine.

Depuis des années le mouvement ouvrier s'est affaibli sur tous les fronts : le nombre de grévistes, de syndicats, l'audience des partis de gauche, etc. Mais le mouvement ouvrier a aussi perdu son âme, ou ce que Friedman appelle son élan. C'est-à-dire sa légitimité sociale. Le mouvement ouvrier n'est plus considéré comme une force de transformation sociale, mais plutôt comme un groupe de pression comme un autre. La crise du mouvement syndical aux États-Unis est souvent expliquée par la conjonction de l'agressivité patronale et gouvernementale et par le déclin des activités, qui, à l'instar du secteur minier, possédaient un taux élevé de syndicalisation. Selon Friedman, la crise internationale du syndicalisme est, au moins en partie, le résultat de la disparition d'un mouvement syndical démocratique. L'issue de cette crise passe par un retour aux idéaux et aux pratiques démocratiques. Son message central est que « le mouvement ouvrier sera démocratique ou ne sera rien ».

Friedman développe son argument en s'appuyant sur l'histoire des États-Unis, mais aussi sur celle de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et, surtout, de la France. Pour l'auteur, la question de la démocratie s'est posée dès le début du mouvement ouvrier. Les organisateurs du congrès fondateur de la Seconde Internationale avaient ainsi choisi de se réunir, salle Pétrelle, à Paris, le 14 juillet 1889, à l'occasion du centenaire de la Révolution pour souligner la dimension démocratique de leur combat. Des dirigeants socialistes de l'époque tels que les sociaux-démocrates allemands Karl Kautsky et Eduard Bernstein ou, en France, Jean Jaurès liaient explicitement démocratie et socialisme, mais relevaient les contradictions entre la démocratie formelle et le régime de propriété privée, source d'inégalités. Les syndicalistes aux États-Unis ont aussi souligné la filiation entre la Révolution française, la démocratie, et les buts du mouvement ouvrier. Les cheminots de Saint-Louis, par exemple, ont chanté la Marseillaise pendant leur grande grève de 1877. Quant aux partis ouvriers, Friedman croit que leur déclin est moins le résultat des changements dans l'économie et la répartition des ouvriers dans des secteurs différents de l'économie que du fait qu'une fois au pouvoir les socialistes ont non seulement échoué à installer des régimes socialistes, mais encore sont devenus des managers de l'économie capitaliste au détriment des intérêts prolétariens.

Friedman voit des liens très étroits entre les grèves et la force syndicale. Ces grèves sont d'abord des écoles de démocratie. Il cite Rosa Luxembourg sur le rôle des grèves dans le développement d'une conscience de classe. C'est pendant les vagues de grèves – soit une année où le nombre d'arrêts du travail est trois fois supérieur à la moyenne des cinq années précédentes – que les syndicats se renforcent le plus rapidement. 60 % des poussées syndicales interviennent les années caractérisées par l'un, au moins, des trois éléments suivants : guerre, vague de grèves, gouvernement de gauche. Le déclin syndical s'explique pour partie également par l'absence de ces éléments. Les vagues de grèves concernent souvent plusieurs pays. Ce fut le cas pour [End Page 163] les six pays qui ont connu une vague en 1919. Ils étaient quatre en 1968, cinq en 1970. Les vagues sont plus fr...

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