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Reviewed by:
  • Frameworks for Mallarmé: The Photo and the Graphic of an Interdisciplinary Æsthetic
  • Virginie Pouzet-Duzer
Zachmann, Gayle . Frameworks for Mallarmé: The Photo and the Graphic of an Interdisciplinary Æsthetic. Albany: State University of New York Press, 2008. Pp. 209. ISBN 978-0-7914-7593-5

Illustré de photographies soigneusement choisies, doté d'une riche bibliographie ainsi que d'un index, l'ouvrage de Gayle Zachmann s'inscrit dans la continuité du Mallarmé, Manet and Redon de Penny Florence (1986), mais paraît également poursuivre Crises: Mallarmé via Manet de Pascal Durand (1998). Toutefois, si la facette picturale autant qu'iconographique des écrits de Stéphane Mallarmé constitue le point focal de l'analyse, c'est essentiellement à l'œuvre du poète et non pas à ses amis peintres et [End Page 307] sculpteurs que Zachmann s'intéresse. Poète qui est d'ailleurs au fil des pages, tantôt journaliste et tantôt critique étant donné que toutes les dimensions de l'écriture mal-larméenne – soient-elles de ses "besognes" alimentaires – sont judicieusement prises en compte. Soulignons que, si nous pourrions tout à fait conseiller cet ouvrage à un lectorat d'étudiants voulant découvrir Mallarmé, le chercheur avisé féru de questions d'esthétique sera à même d'y trouver de quoi alimenter de futures analyses. Car, ainsi qu'il est évoqué dans l'introduction, Zachmann souhaite faire sienne l'interdisciplinarité prêtée au poète dès le titre de l'ouvrage, choisissant de toujours multiplier les approches, présentant ainsi différentes perspectives critiques qui se complètent et s'éclairent les unes les autres. La méthode s'avère être efficace, d'autant plus que les six chapitres sont ponctués de citations empruntées aux écrits mallarméens. Fragments épars du corps textuel de Mallarmé, méticuleusement choisis et donnés à lire en français à même l'analyse critique en langue anglaise, ces titres constituent de volontaires reflets en écho, produisant un bel effet poétique, puisqu'il semble qu'il y ait là parfaite adéquation entre le fond et la forme.

Les deux premiers chapitres de Frameworks for Mallarmé instaurent les cadres de références choisis par Gayle Zachmann, qui s'applique à resituer la poétique mallarméenne au cœur des questions esthétiques et épistémologiques de la dernière partie du dix-neuvième siècle. Zachmann considère que l'analogie de l'ut pictura poesis est nécessairement réexaminée, sinon mise à mal, dès lors que technologie, science et progrès, font évoluer la question du référent artistique. Fin tacticien, Mallarmé aurait choisi de répondre d'une manière à la fois esthétique et scientifique à cette évolution, imitant la nature même de la perception de l'image sous forme de "subjectivité objectifiée" – tout en faisant semblant de refuser une telle réponse (43). Le cadre choisi dans le chapitre 3 n'est autre que celui d'Igitur, qui présenterait, exceptionnellement lisibles, les échafaudages de la pensée et de l'esthétique mallarméenne. L'analyse de Zachmann met en avant le caractère dynamique autant que visuel du texte, son aspect "photo-graphique" (79). Dans le cas d'Igitur, le narcissisme serait en effet celui du texte/graphique, se positionnant vis-à-vis de son double visuel/ photo. C'est au texte de Mallarmé sur Manet et les impressionnistes qu'est consacré le chapitre 4, consacré à la manière dont le poète considéra les œuvres picturales de son temps. Le chapitre 5 révèle que le choix du cadre et du cadrage fait partie intégrante de l'esthétique du poète. Un tel artifice – nommé "effet ekphrastique" par Zachmann permet en effet à Mallarmé de mettre en scène le signe visuel, de reconstruire le moment de la perception (133). Le chapitre 6 montre enfin que les allusions à la musique, au théâtre ou à la danse sont généralement utilisées par Mallarmé sous forme d'analogies avec les arts visuels et graphiques, afin de mieux parvenir à mimer le processus poétique.

Si la prévalence du paradigme photographique...

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