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Reviewed by:
  • Zola, réceptions comiques: Le Naturalisme parodié par ses contemporains (prose, poésie, théâtre)
  • Nicolas Valazza
Compère, Daniel, and Catherine Dousteyssier-Khoze . Zola, réceptions comiques: Le Naturalisme parodié par ses contemporains (prose, poésie, théâtre). Paris: Eurédit, 2008. Pp. 274. ISBN 978-2-84830-104-4

Savourons le paradoxe: voici un ouvrage savant consacré à une littérature éphémère, fumiste, parfois vulgaire et toujours "parasitique." Zola, réceptions comiques est une étude qui recueille les parodies poétiques, en prose et théâtrales, prenant pour cible Zola, ses romans et son école naturaliste, et qui ont été publiées dans la presse humoristique entre 1877 (année de parution de L'Assommoir) et 1893 (celle du Docteur Pascal). Le recueil est enrichi d'un répertoire de notices qui situe chaque texte formant le corpus, suivi d'une bibliographie détaillée ainsi que d'un index des noms cités. [End Page 317]

Le travail accompli par Daniel Compère et Catherine Dousteyssier-Khoze est remarquable: sur près de dix ans les deux chercheurs se sont appliqués à dépouiller la presse de l'époque à la recherche du fragment parodique pertinent (et le plus souvent impertinent). L'Introduction de l'ouvrage précise le contexte culturel dans lequel les textes recueillis ont été publiés, tout en définissant les limites du genre parodique au dix-neuvième siècle. Ainsi, la diffusion de ces textes correspond à l'essor de la presse humoristique au cours des dernières décennies du siècle, qui ont vu naître (et souvent expirer après quelques années) quantité de revues comiques ou satiriques, telles La Caricature d'Albert Robida, Le Chat noir de Rodolphe Salis, Émile Goudeau et Alphonse Allais, La Lune rousse d'André Gill, Le Tintamarre de Touchatout, parmi d'autres. Si nombre d'écrivains recensés sont bien connus, d'autres sont demeurés anonymes, se dissimulant souvent sous des pseudonymes effrontés, à l'instar de ce parodiste signant "Émile Zola" qui s'attarde sur le nez de la "Fille à Nana": "Ce nez ne venait ni des Rougon, ni des Maquart [sic], ni des Coupeau; ou ce nez était inné, ou il provenait de l'intrusion dans la famille d'un nouvel élément physiologique" (16). De même, la plupart de ces textes étaient voués à sombrer dans l'oubli.

Un tel destin transitoire se conforme d'ailleurs à la pratique parodique: genre "parasitique" par excellence, la parodie détourne l'identité de l'auteur qu'elle prend pour cible (un détournement que manifestent avec une créativité débordante les notations paratextuelles qui encadrent les textes recueillis), mais elle ne saurait par là même survivre (sauf exceptions) à l'œuvre parodiée. Se dessine dès lors un courant souterrain et passablement méconnu qui traverse la littérature de la fin du dixneuvième siècle. Un courant certes mineur, associé à des publications éphémères et à des auteurs anonymes, mais qui à l'époque pouvait se targuer – au même titre que les romans de Zola pris pour cible – de courir les rues.

En se concentrant sur les parodies visant l'œuvre zolienne, l'étude de Daniel Compère et Catherine Dousteyssier-Khoze parvient à esquisser une histoire (comique) de sa réception, susceptible de restituer les termes du débat accompagnant l'émergence du roman naturaliste. L'objet de la controverse est bien connu: Zola est accusé d'avoir admis l'ordure et les sujets obscènes dans le domaine des belles lettres. En l'occurrence, l'on assiste à un véritable procès d'intentions par presse interposée, dont Alain Pagès – sur un autre registre – a retracé les développements dans La Bataille littéraire. Or, les parodies rassemblées dans Zola, réceptions comiques relatent pour la plupart les accusations à l'encontre du maître naturaliste, sans se priver pour autant de surenchérir sur le caractère prétendûment obscène et ordurier des textes parodiés, selon un procédé propre à la caricature. Aussi, ces textes peuventils être lus (c'est ainsi que les lisent généralement...

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