Abstract

Le présent article adopte une perspective interdisciplinaire pour analyser le traitement, en droit et au cinéma, des dominatrices professionnelles et des hommes soumis. Nous soutenons que les discours cinématographiques et juridiques, bien que formellement distincts, sont de fait fonctionnellement semblables dans leurs façons de discipliner cet arrangement sexuel. L’analyse juridique déconstruit la décision R. v. Bedford qui a effectivement criminalisé certaines formes de services professionnels à caractère dominateur, en rapport avec des films populaires récents qui représentent des dominatrices ainsi que les hommes dans leurs vies. Ce projet de déconstruction démontre que les domaines juridiques et cinématographiques représentent tous deux la domination féminine comme un moment de « problèmes dans les genres » qu’il faut endiguer et dans la mesure du possible, rectifier par l’autorité masculine. Nous postulons que cette analyse comparative offre une perspective microcosmique pour déceler comment se maintiennent et s’imposent les prescriptions de dominance masculine et de soumission féminine en droit et au cinéma, révélant ainsi un moment de convergence de l’idéologie sexuelle dans ses discours différents. En conclusion, nous proposons que de tels efforts de réglementation des rapports de sexe trahissent ultimement et involontairement le désir de l’autre sexuel, tout en ouvrant des espaces pour permettre des identifications et des subjectivités contre-hégémoniques.

Abstract

This article takes an interdisciplinary perspective to examine the treatment of professional dominatrices (doms) and male submissives (subs) in law and film. I argue that while the cinematic and legal discourses are formally distinct, they are functionally similar in the ways they discipline this sexual arrangement. The legal analysis deconstructs the case of R. v. Bedford, which effectively criminalized some forms of professional dominant services, in relation to recent popular films that represent female doms and the men in their lives. This deconstructive project demonstrates that both legal and cinematic fields view female dominance as a moment of “gender trouble” that needs to be contained, and, if possible, rectified, by masculine authority. I posit that this comparative analysis offers a microcosmic perspective on how the gender prescription of male dominance and female submissiveness is sustained and imposed in law and film, representing a moment of converging sexual ideology in these disparate discourses. I conclude with a suggestion that such efforts of gender regulation ultimately and unwittingly betray a desire for the sexual Other, while opening up spaces for counter-hegemonic identifications and subjectivities.

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