Abstract

Le film North Country, réalisé à Hollywood, représente, de façon convaincante, la lutte pénible, mais couronnée de succès, d’une femme qui intente un recours collectif fondé sur le harcèlement sexuel en milieu de travail et force ce milieu à cesser ses pratiques de harcèlement. Le présent article compare la version cinématographique à l’événement historique qui l’a inspirée, mais insiste sur une lecture du film dans le contexte de deux genres hollywoodiens très prolifiques et populaires tout en étant très différents, soit le « film de femmes » (y compris les mélodrames portant sur la maternité, les femmes battues, les victimes d’agressions sexuelles, les films de militantes travaillant comme « col bleus ») et les « films de droit et de juristes ». En regardant North Country à la lumière du contexte complexe du cinéma, l’auteure révèle comment le film présente des possibilités novatrices, en mettant en oeuvre des références non conventionnelles par rapport aux formules classiques d’Hollywood et en créant une femme « col bleu » qui, par l’entremise de sa guerre contre le harcèlement sexuel en milieu de travail, devient une militante et une cheffe dans sa communauté, et obtient gain de cause sur tous les fronts dans son recours juridique, dans la transformation des valeurs dans sa communauté et dans ses retrouvailles avec sa famille. En renversant les attentes cinématographiques traditionnelles, le film transmet certains arguments féministes très « radicaux », y compris le fait que le viol, la violence faite aux conjointes et le harcèlement sexuel en milieu de travail représentent les moyens par lesquels la domination et l’oppression patriarcales des femmes se perpétuent et qu’une femme qui subit des pratiques abusives n’est pas nécessairement ou une victime ou une agente libre: elle peut être les deux à la fois. L’article pose la question suivante: est-ce que la nouvelle position adoptée dans ce film qui a remporté un succès financier important, donnera naissance à son tour à un nouveau « sous-genre » de film hollywoodien ?

Abstract

North Country is a powerful Hollywood depiction of one woman’s painful yet triumphant struggle to establish sexual harassment in the workplace as “class action” and to compel a workplace to stop its harassing practices. The article compares the cinematic version to the historical event on which it relies but focuses on reading the film in the context of two prolific and popular, yet very distinct, Hollywood genres: “the woman’s film” (including the woman’s/maternal melodrama, battered wives films, sexual victims films, blue collar activist women films) and “the law and lawyers film.” Reading North Country along this complex cinematic context reveals how, by implementing unconventional references to familiar Hollywood formulas, the film opens up an innovative possibility, constructing a blue collar woman who, through her war on sexual harassment in the workplace, becomes a social activist and a community leader and prevails on all fronts: in her legal suit, in transforming her community’s values, and in regaining her family. By subverting traditional cinematic expectations, the film conveys some very “radical” feminist arguments, including that rape, domestic violence, and sexual harassment in the workplace are means of patriarchal domination and oppression of women and that a woman suffering abuse is not necessarily either a victim or an agent: she can be both. The article poses the question whether the film’s intriguing new statement, which yielded some box office success, will turn its formula into a Hollywood “sub-genre.”

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