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Reviewed by:
  • Les Peurs de Hollywood. Phobies sociales dans le cinéma fantastique américain
  • Dimitri Vezyroglou
Laurent Guido (sous la direction de). – Les Peurs de Hollywood. Phobies sociales dans le cinéma fantastique américain. Lausanne, Éditions Antipodes, 2006, 275 pages. « Médias et histoire ».

Les treize contributions qui composent cet ouvrage s’inscrivent dans l’analyse historique des représentations cinématographiques, avec pour ambition louable de renouveler cette approche en l’associant à celle de l’histoire culturelle. Dans son introduction, L. Guido détaille les jalons historiographiques et méthodologiques qui conduisent à ce renouvellement. Il rappelle que Siegfried Kracauer avait, le premier, dans son célèbre ouvrage De Caligari à Hitler (1947), soutenu l’hypothèse que l’analyse sérielle systématique de la production cinématographique courante d’une société donnée pouvait apporter des éléments essentiels à la compréhension historique de cette société. Les films fantastiques, en particulier, parce qu’ils situent leur propos en dehors ou à côté de la réalité sociale existante, peuvent être ainsi considérés comme un défouloir des angoisses sociales profondes. Une thèse que réexamine cet ouvrage au fil des textes, prenant appui sur les idées développées par Robin Wood ou Susan Sontag dans les années 1970. Il s’agit de sonder « l’interrelation complexe entre la [End Page 131] société et ses représentations », sans toutefois en explorer tous les aspects, puisque la question du spectatorat est délibérément laissée de côté.

De King Kong (1933) à X Men (2000), en passant par L’Invasion des profanateurs de sépultures (1956) et Massacre à la tronçonneuse (1974), l’ouvrage passe en revue (c’est à la fois son défaut et sa qualité) des genres assez différents comme le fantastique, l’horreur ou les slasher movies – ces films de terreur pure qui envahissent les écrans américains à la fin des années 1970 – à des époques elles-mêmes très distinctes (la Grande Dépression, la guerre froide, les désillusions de l’après-Vietnam, l’America is back reaganien, etc.). Le mérite des contributions est d’identifier à chaque fois les éléments historiques, génériques et esthétiques constitutifs de leurs objets, de sorte que la lecture est toujours stimulante. On retiendra notamment la combinaison exemplaire des niveaux d’analyse que François Bovier applique au King Kong de Schoedsack et Cooper ; ou encore la passionnante étude que Francesco Pitassio consacre aux films de zombies de George Romero (comme La Nuit des morts-vivants, 1978), dont l’univers traduit la crise de la culture wasp et la sécularisation croissante de la société américaine. L’ensemble montre que l’histoire culturelle du cinéma a tout à gagner à s’intéresser aux genres populaires, que la vulgate cinéphile délaisse le plus souvent.

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