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Reviewed by:
  • Les origines catholiques de la Révolution tranquille
  • Richard Bastien
Gauvreau, Michael (traduction de Richard Dubois) —Les origines catholiques de la Révolution tranquille, Montréal, Fides, 2008, p. 457.

Michael Gauvreau est professeur d'histoire à l'Université McMaster (Hamilton, Ontario) et auteur de plusieurs ouvrages d'histoire culturelle et religieuse. La Société historique du Canada lui a décerné le prix Sir John A. MacDonald pour l'édition originale en langue anglaise de ce livre, parue en 2005 chez [End Page 246] McGill-Queen's University Press. Il s'agit assurément d'un des plus importants ouvrages d'historiographie canadienne française des dix dernières années.

Gauvreau rappelle tout d'abord que le débat sur les origines de la Révolution tranquille a été alimenté jusqu'à présent par deux grandes écoles historiographiques. Selon la première, dite « libérale orthodoxe », les valeurs catholiques essentiellement « traditionnelles » et « anti-modernes » promues par le clergé et la petite bourgeoisie québécoise ont longtemps soutenu les divers régimes politiques conservateurs du Québec. Mais au cours des années 1950, ces valeurs se sont heurtées aux idées libérales et nationalistes de réformistes œuvrant dans les centrales syndicales, les revues d'intellectuels comme Cité libre et la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval. Au cours des années 1960, ces réformistes ont réussi à prendre le contrôle de l'État et du système d'enseignement jusqu'alors contrôlé par l'Église et, avec l'appui de la classe moyenne montante, à reléguer le catholicisme à la sphère privée.

Le deuxième courant historiographique, que l'on désigne de « révisionniste », s'intéresse davantage aux structures et aux processus économiques et situe les vraies racines du Québec moderne au XIXe siècle plutôt que dans l'avènement d'une classe d'intellectuels cherchant à accélérer la transition du Québec vers une société industrielle et urbaine. Ses tenants minimisent le rôle des idéologies conservatrices et affirment que le Québec était dominé, non par une alliance du clergé et de politiciens conservateurs, mais par une vision libérale comparable à celle que l'on observait dans le reste de l'Amérique du Nord.

Gauvreau estime que, malgré leurs différences, « libéraux » et « révisionnistes » s'appuient sur une même théorie de la laïcité qui tend à sous-estimer le rôle de la religion comme force sociale et à présenter le catholicisme « comme un figurant plus ou moins passif, jamais comme un acteur de premier plan de l'histoire du Québec moderne ». C'est à cette « équation automatique entre la naissance d'une société urbaine et industrielle et le déclin de la religion » qu'il s'oppose. Rejetant toute tentative d'établir a priori une correspondance entre catholicisme et traditionalisme, Gauvreau propose une interprétation selon laquelle, malgré la persistance de courants catholiques conservateurs, l'Église du Québec aurait vu naître « une importante diversité idéologique, marquée par de nombreuses et puissantes initiatives laïques dans les domaines social et culturel ». Que les promoteurs de cette diversité aient œuvré au sein de l'Action catholique, nous dit-il, démontre la nécessité « de revoir de fond en comble la façon qu'avait le catholicisme québécois d'intervenir dans la formation des valeurs culturelles d'une société moderne et libérale au milieu du XXe siècle ».

S'appuyant sur les documents produits pendant les années 1930 et 1940 par certains organismes laïques de l'Action catholique, ainsi que sur des journaux et des revues, en particulier Le Devoir, la Revue Dominicaine, Maintenant et Relations, Gauvreau met en lumière les liens entre diverses catégories culturelles comme la jeunesse, la famille, la femme et certaines des réformes politiques les plus déterminantes de la Révolution tranquille, notamment dans le domaine de l'éducation. S'inspirant de jeunes spécialistes de l'histoire culturelle de la Révolution française, il aborde la Révolution tranquille, non...

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