In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Thinking through the Mothers: Reimagining Women’s Biographies
  • Maryline Lukacher
Beizer, Janet. Thinking through the Mothers: Reimagining Women’s Biographies. Ithaca: Cornell University Press, 2009. Pp. 296. ISBN 978-0-8014-3851-6

Dans Thinking through the Mothers, Janet Beizer questionne, à travers une collection d’essais, ce que représentent la biographie féminine et la figure du maternel dans l’écriture féministe contemporaine. La quête de la mère devient le fil conducteur de sa recherche et le moyen de revenir sur “la biographie féminine comme travail d’exhumation, de résurrection, de vénération ou de dénigration” (7). Dans ce contexte, Beizer élabore plusieurs analyses sur le travail de deuil, à la fois représenté par la mort de la mère et la place vide qui marque la place de la femme dans notre culture.

Le premier chapitre commence comme s’il s’agissait d’un journal avec diverses entrées entre 1968, date à laquelle Roland Barthes déclarait “la mort de l’auteur,” et juillet 1994, où une amie de Nicole Brown Simpson est interviewée par Barbara Walters. Pendant ces années, Beizer souligne comment les biographies de femmes prolifèrent et l’une d’elles, en particulier, retient son attention. Il s’agit d’Eunice Lipton, auteur d’Alias Olympia (1992). Le célèbre modèle de Manet, Victorine Meurent est devenue le sujet d’investigation et de réinvention de Lipton.

A travers la biographie de Victorine Meurent (il est curieux de noter que le nom du modèle, Meurent, est aussi la troisième personne du pluriel de mourir), Lipton retrouve l’image de sa propre mère. Mort ironiquement plurielle; modèle et mère meurent dans cette image de la mère affalée dans ses chiffons et qui répète celle de Victorine, âgée et alcoolique. L’association de Victorine et de la mère de Lipton à travers leur “obscurité commune” (22) rend compte, selon Beizer, du désir de transcender l’histoire d’Olympia en un autre destin que le sien. L’association identificatoire de ces deux femmes amène Beizer à mentionner la collection “Elle était une fois” de Robert Plon (26) qui a duré de 1987 à 1993 et était “une collection de rencontres entre une femme d’aujourd’hui et une femme du temps jadis” (27, n.30). Beizer explore ici les possibilités de réaliser une biographie de la mère sans passer par la vie d’une ancêtre dont l’histoire est à jamais perdue.

Le second chapitre, le plus bref de Thinking through the Mothers, emprunte des éléments connus à l’histoire de Kuchuk Hanem, la fameuse courtisane égyptienne qui a hanté l’écriture de Flaubert, à son retour d’Egypte. En revenant à la biographie de Rage and Fire: A Life of Louise Colet (1994) de Francine du Plessix Gray, Beizer se livre à une mise en abyme de plusieurs récits féminins qui exécutent la même démarche: Colet à la recherche de Kuchuk Hanem et Gray à la recherche de Colet. Le “récit sauvetage,” comme l’appelle Beizer, qui devrait sauver de l’oubli les femmes, n’offre pas un scénario entièrement satisfaisant (54) et présente des lacunes. Colet ne retrouvera jamais la trace de Kuchuk Hanem et son récit n’évoque que la disparition [End Page 115] de celle qui fut sa rivale orientale. Dans ce chapitre, la mère a été entièrement mise sous rature.

Nous en venons, au chapitre suivant, à George Sand écrivant son autobiographie Histoire de ma vie (1855) et Huguette Bouchardeau publiant une biographie de Sand, George Sand: La Lune et les sabots (1990). Six mois plus tard, Bouchardeau publiait la bibliographie de sa mère, Rose Noël. Beizer examine les aspects de l’écriture filiale: regard de Sand posé sur sa mère Sophie et écriture de Bouchardeau investie dans l’histoire de sa mère.

La lecture de Beizer combine le malaise de Sand sur l’absence maternelle et la naissance de Corambé, être imaginaire et mythique permettant le passage affectif à la bonne mère (80) et à l’écriture...

pdf