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  • Paris/Banlieues. Conflits et solidarités. Historiographie, anthologie, chronologie 1788-2006
  • Christian Chevandier
Annie Fourcaut, Emmanuel Bellanger et Mathieu Flonneau (sous la direction de). –Paris/Banlieues. Conflits et solidarités. Historiographie, anthologie, chronologie 1788-2006. Paris, Créaphis, 2007, 479 pages.

Le débat à propos des rapports entre Paris et la banlieue, entre la ville et sa périphérie mais aussi entre la ville et des entités qui peuvent se vouloir ou être voulues indépendantes, accompagne et étaye depuis plus de deux siècles la croissance de la capitale. D'Haussmann à nos jours, l'intensité des échanges aura été inégale. Lors des trois dernières décennies, la force du questionnement fut très relative, au point d'amener l'architecte Paul Chemetov à parler de « trou noir » de la réflexion. La discussion avait été mise en sommeil par la réforme de 1964 qui modifiait le découpage administratif de la région parisienne et divisait en sept départements la Seine et la Seine-et-Oise. Paris restait une ville, mais devenait un département. La question des relations entre Paris et sa banlieue fut alors enfouie jusqu'à la fin du siècle. Elle resurgit à la faveur [End Page 175] de la victoire de la gauche qui, en 2001, emporte l'Hôtel de Ville. Le nouveau maire socialiste, Bertrand Delanoë, charge le communiste Pierre Mansat d'une nouvelle délégation, celle des « relations avec les collectivités territoriales d'Île-de-France ». Sous une dénomination très neutre, il s'agit de repenser les rapports entre Paris, la ville-centre, et la périphérie densément urbanisée. La municipalité fait appel à des historiens pour mettre en perspective l'histoire de ces relations. De 2003 à 2005, un séminaire organisé par une équipe du Centre d'histoire sociale du xxe siècle (CNRS-Université de Paris I), rassemble autour d'Annie Fourcaut l'essentiel des chercheurs travaillant sur ces questions, historiens mais aussi urbanistes. Comme souvent, le choix du lieu des séances n'est pas innocent. Si nombre d'entre elles se tinrent à l'Hôtel de Ville, certaines eurent lieu en banlieue, à Montreuil et à Nanterre. Ce livre peut être considéré comme le produit du séminaire. À l'instar de la délégation de Pierre Mansat, il signale aussi que l'heure de la réflexion est aujourd'hui venue.

La question des rapports entre les différentes collectivités territoriales au sein de l'agglomération n'est pas nouvelle. La notion d'un « Grand Paris » apparaît dans les années 1920. Le plan d'Henri Prost fut débattu au cours de la décennie suivante, mais n'a pris en compte que la périphérie sans s'attarder sur la ville elle-même. Lors du redécoupage administratif, dans les années 1960, ce thème rebondit. Une nouvelle étape est engagée depuis 2001, qui se caractérise par une grande prudence car le nombre des communes concernées est désormais considérable. Si la plupart étaient encore rurales aux lendemains de la Grande Guerre, la croissance de l'ag-glomération, tout comme l'étroite imbrication des collectivités territoriales, ont radicalement changé la donne. Depuis le milieu du xixe siècle, Paris présente cette originalité, parmi les grandes métropoles, d'être entourée par une ceinture visible, situation aberrante au regard des autres métropoles européennes. Cette ceinture est à l'origine d'un élément qui a peu évolué, et c'est bien une des clefs du problème : la superficie de Paris. Les rares changements en ce domaine n'ont fait qu'aigrir les rapports avec ses voisines. Fixée en 1860 avec l'annexion des communes suburbaines, elle correspond à l'emprise délimitée par l'enceinte de Thiers. La loi du 19 avril 1919 « relative au déclassement de l'enceinte fortifiée de Paris » a agrandi le territoire de la ville en incluant les fortifications déclassées et la zone militaire. Cette décision de dépossession au profit de la capitale fut mal v...

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