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  • L’épée et la plume. Amérindiens et soldats des troupes de la marine en Louisiane et au Pays d’en Haut (1683–1763)
  • John A. Dickinson (bio)
Arnaud Balvay, L’épée et la plume. Amérindiens et soldats des troupes de la marine en Louisiane et au Pays d’en Haut (1683–1763). Québec, CELAT, Les Presses de l’Université Laval, 2006, 345 p.

Heureusement que les soustitres existent, car le titre principal de la thèse d’Arnaud Balvay ferait plutôt penser, pour les historiens modernistes, aux querelles entre officiers militaires et administrateurs civils en Nouvelle-France. Loin des batailles de préséance dans les processions, ce livre s’intéresse aux forts, aussi bien dans les Pays d’en Haut qu’en Louisiane à l’époque du déploiement des troupes de la marine par l’administration coloniale française, soit une période relativement courte de 1683 à 1760. La construction de liens sociaux dans cette périphérie d’empire est au cœur des préoccupations de l’auteur. Le livre se divise en trois parties : la politique impériale française et le rôle des forts dans le maintien des alliances avec les autochtones; la manière [End Page 624] d’aborder l’altérité et de tisser des liens par la guerre, la diplomatie et le métissage; enfin, la société des forts.

La première partie comporte trois chapitres d’inégales longueurs. Le premier résume, dans un premier temps, les principaux traits de la politique métropolitaine en Amérique septentrionale. Une seconde section traite du recrutement des officiers et soldats qui seront en poste dans les forts de l’intérieur du continent. On y apprend que les soldats sont jeunes, parfois encore des enfants, et viennent de partout en France. Les troupes au Canada recrutent leurs officiers localement à partir des années 1690, mais curieusement la Louisiane tire son corps d’officiers de la France et non pas de l’élite locale ni de la colonie du nord qui pourtant produit trop de fils pour permettre à tous d’avoir une commission. Seule petite critique ici, je pense qu’il serait plus juste de dire que la carrière militaire permet aux jeunes Canadiens de maintenir leur rang plutôt que de « gravir l’échelle sociale ». Enfin le chapitre se clôt par une brève énumération des principaux groupes linguistiques autochtones qui occupent le territoire. Le deuxième chapitre décrit les logiques commerciales et stratégiques qui commandent l’emplacement et la construction des forts. Si les forts servent, aux yeux des Français, à affirmer la souveraineté du roi sur les territoires, il est moins certain qu’ils réussissent à contrôler les nations autochtones. L’auteur y introduit deux concepts théoriques – les rapports centre/périphérie et la thèse de la frontière –, mais sans vraiment établir leur pertinence. Le très court troisième chapitre sur le rôle des forts revient sur des considérations déjà évoquées et entretient la confusion sur la capacité des Français à contrôler les Amérindiens. Ce qui est plus original – la politique de peuplement – sur l’établissement permanent de soldats démobilisés n’est malheureusement pas assez systématique. Il est dommage que l’auteur n’ait pas résumé davantage dans un premier chapitre les sections où il a peu de choses originales à dire pour mieux mettre en valeur la recherche originale sur le recrutement des soldats et leur établissement dans les forts de intérieur du continent.

La deuxième partie commence avec un chapitre sur l’altérité intitulé « Barbarie et civilisation ». C’est un thème qui a fait l’objet de nombreuses études et l’auteur n’ajoute rien de neuf. Qui plus est, il semble perdre de vue l’objet de son étude qui devrait être centrée sur les officiers et soldats vivant dans les forts de l’Amérique du Nord entre 1683 et 1760. Il y a peutêtre matière pour une communication dans un colloque, mais pas dans le livre. Le...

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