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  • La conquête des lettres au Québec (1759–1799). Anthologie
  • Catherine Dubeau (bio)
La conquête des lettres au Québec (1759–1799). Anthologie, s. la dir. de Bernard Andrès, avec la coll. de Nova Doyon, Nathalie Ducharme, Benoît Moncion, Dominique Plante, Julie Roy Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2007, 737 p.

La conquête des lettres au Québec (1759–1799) est l’aboutissement du projet de recherche « Archéologie du littéraire au Québec », mené sur une quinzaine d’années par Bernard Andrès et son équipe à l’Université du Québec à Montréal. Riche et précieuse contribution à l’exhumation des sources littéraires québécoises, l’anthologie réunit, pour la première fois, un nombre inégalé de textes (inédits ou non) rédigés sous le régime anglais, depuis la conquête britannique jusqu’à la fin du XVIIIe siècle : « Entre leurs origines perdues sur un champ de bataille et le destin continental qui leur est à présent dévolu, les Canadiens doivent se définir. C’est la formation de ce nouvel identitaire que permet de suivre notre anthologie. » S’il ne s’agit pas de la première entreprise du genre – l’éditeur évoque le Répertoire national de James Huston (1848–1850) –, La conquête des lettres se démarque sur le plan quantitatif [End Page 620] aussi bien que générique : on y trouve près de 180 textes – comparativement aux six contenus dans le Répertoire de Huston pour la même période – relevant de l’écriture intime (journal, correspondance), narrative, poétique, lyrique, théâtrale, historique, mémorialiste, pamphlétaire ou polémique, sans oublier quantité d’énigmes, oraisons et pétitions. La décision de ne pas exclure la prose politique et les textes relevant de l’art oratoire est sans doute ce qui distingue le plus la présente anthologie. James Huston les avait délibérément écartés au nom d’une conception plus restreinte de la littérature. Le critère de littérarité retenu par Andrès et ses collaborateurs correspond à celui prévalant au XVIIIe siècle, où les savoirs ne sont pas encore pensés en termes de disciplines cloisonnées : « Nous tenons donc compte de cette conception large de l’objet et considérons comme “littéraire” tout écrit excédant le niveau purement informatif et engageant le sujet de l’énonciation dans un échange à caractère polémique, argumentatif, didactique, philosophique ou esthétique. » Écrits tantôt par des Canadiens (de souche ou immigrés), tantôt par des visiteurs, tous les morceaux choisis, incunables pour la majeure partie, portent sur le Québec ou le Bas-Canada. La majorité d’entre eux ont été publiés sur place, sinon à l’étranger. Enfin, l’ouvrage se divise en cinq parties que ponctuent les dates marquantes des Lumières québécoises, soit « I. Le trauma de la Conquête (1759–1763) », « II. Le temps d’une paix (1764–1774) », « III. L’invasion des lettres (1775–1783) », « IV. L’occupation de l’espace public (1784–1793) » et « V. La valse-hésitation (1793–1799) ». À la préface s’ajoute, pour chaque tranche temporelle, une excellente introduction.

La première section (1759–1763) comprend quatre textes qui donnent à lire les effets du siège de Québec et de la Cession de la colonie du point de vue intérieur, par des témoins canadiens et français de l’époque. C’est le cas notamment du Journal du siège de Québec en 1759 de Jean-Claude Panet, où la notation au jour le jour et la transcription de documents officiels (tels que le placard de James Wolfe) rehaussent l’intérêt du texte. On y trouve également la « Relation de ce qui s’est passé au siège de Québec » (1765) par une religieuse de l’Hôpital Général (attribué à Marie Joseph Legardeur de Repentigny), de même que deux récits publiés plus tardivement, l’un par St-John de Crèvecœur (Description...

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