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Reviewed by:
  • Faire société. Société civile et espaces francophones. Étude
  • Andrée Fortin (bio)
Joseph Yvon Thériault, Faire société. Sociétécivile et espaces francophones. Étude Sudbury, Prise de parole, coll. Agora, 2007, 386 p., 30$

Une sociologie politique des identités, voilà ce que propose Joseph Yvon Thériault dans son ouvrage Faire société, qui regroupe des textes écrits entre 1995 et 2005, et où il approfondit des thèmes déjà abordés dans ses ouvrages précédents, notamment ceux de l’identité et du territoire. Si encore une fois, l’Acadie sert le plus souvent de point de départ à la réflexion, ces « chroniques des années 2000 », selon les termes de l’auteur, nous entraînent dans plusieurs espaces francophones, canadiens et internationaux. Son hypothèse de départ est celle de la persistance du projet de faire société en Amérique autour de la langue française.

Faire société, pour Thériault, cela passe par des institutions et un ancrage de celles-ci dans des collectivités, dans des territoires : faire société, c’est politique, mais pas nécessairement étatique. La société civile sur laquelle il se penche dans son analyse du faire société, entraîne l’auteur du côté des institutions, notamment scolaires. L’institution a actuellement mauvaise presse dans les sciences sociales, alors qu’on préfère étudier les mouvements sociaux, l’intime ou l’expérience. Or Thériault rappelle l’importance des institutions et des réseaux institutionnels dans la formation des identités individuelles et collectives. Centrer ainsi l’analyse sur les institutions permet de mieux saisir ce qui s’est passé lors des états généraux du Canada français en 1967. Les années 1960 sont celles non seulement de la Révolution tranquille au Québec, mais du « moment Robichaud » au Nouveau-Brunswick. Selon Thériault, la fin du Canada français n’est pas (ou pas seulement) le résultat de la montée du nationalisme québécois, mais surtout de la prise en charge par les gouvernements provinciaux des institutions scolaires et hospitalières gérées auparavant par les institutions religieuses et qui s’inscrivaient dans un même réseau, catholique et pancanadien. Selon cette analyse, avant 1960, le Québec et l’Acadie, partageant un même réseau institutionnel confessionnel, ne formaient pas deux sociétés aussi distinctes qu’elles le sont maintenant. En ce qui concerne les francophones hors Québec et hors Acadie, selon Thériault, « pour maintenir [End Page 573] l’ambition d’être une culture nationale, [ils] doivent accepter, quelque part, d’être des Québécois. . . d’outre-frontières ».

D’autres thèmes, abordés à partir de l’ancrage acadien, amènent l’auteur à des conclusions dont la portée déborde la péninsule. Quels sont donc ces thèmes ? La question du territoire est particulièrement cruciale, non seulement pour une diaspora comme celle des Acadiens, mais pour toutes les sociétés nationales à l’heure du numérique. Internet génère des réseaux, des archipels entre usagers, mais pas de territoire. Or une société a besoin d’une assise géographique (ce qui est autre chose qu’un état) pour exister. L’Acadie, est-ce là où vivent des Acadiens (Montréal, Ottawa et Moncton, par exemple), ou est-ce un territoire auquel les Acadiens de Montréal ou d’Ottawa s’identifient ? Si poser ainsi la question semble induire la réponse, l’argumentation de Thériault ne s’en tient pas là. En effet, l’ancrage géographique est important, mais il faut aussi éviter le repli identitaire et le localisme. C’est ainsi que l’auteur plaide pour la région plus que pour le local, ce qui permet d’éviter, dans une certaine mesure, la sclérose des identités, dont l’envers se trouve non seulement dans la diaspora, mais aussi dans une spécialisation des iden-tités, par exemple, les chômeurs, les pêcheurs, les femmes, les jeunes, les artistes, etc. Jusqu’à quel point...

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