In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Les ONG confessionnelles. Religions et action internationale
  • Axelle Brodiez
Bruno Duriez, François Mabille et Kathy Rousselet (sous la direction de). – Les ONG confessionnelles. Religions et action internationale. Paris, L’Harmattan, 2007, 282 pages. « Religions en questions ».

Issu d’un colloque organisé en 2004 par l’Association française de science politique et l’Association française de sciences sociales des religions, l’ouvrage se veut une poursuite de réflexions déjà engagées sur la globalisation du religieux et mêle regards d’historiens, sociologues, politistes et spécialistes en sciences des religions. Outre sa densité et sa richesse (rien moins que dix-sept contributions rassemblées en 280 pages), il aborde de front un sujet encore peu traité en sciences sociales, celui [End Page 128] des ONG confessionnelles (ONGc), examinées dans leur complexité, leur diversité, leurs concurrences et leurs rapprochements, et leur double rapport à l’humanitaire et au religieux. Il est organisé en cinq axes.

D’une part, les « nouvelles dynamiques » des deux dernières décennies. Les ONGc, même les plus anciennes, se sont en effet insérées depuis la fin de la Guerre froide dans les débats politiques sur les droits de l’Homme, l’environnement ou les questions de paix, et apparaissent parfois comme « la forme nouvelle d’anciennes organisations religieuses », à la recherche d’une reconnaissance formelle en tant qu’ONG (Julia Berger). Jean-Bernard Marie examine plus spécifiquement le travail de défense des droits de l’homme des ONGc à l’ONU depuis 1945, et en particulier depuis les années 1980 (pressions et implication dans l’élaboration de conventions, action contre la torture, travail de formation, etc.) ; de plus en plus redoutées des gouvernements, elles développent désormais des actions collectives pour optimiser leur efficacité et leur crédibilité.

D’autre part, le glissement « entre mission et développement ». Les plus puissantes ONG européennes actuelles de développement apparaissent en effet héritières des mobilisations missionnaires chrétiennes des xixe et xxe siècles, en termes de modèles d’organisations, de modes de fonctionnement ou de formes d’action, le glissement se faisant ensuite via la professionnalisation, l’autonomisation des oeuvres et l’évolution des objectifs ; « l’utopie du développement » paraît alors comme une « sécularisation de l’utopie missionnaire » (Claude Prudhomme). Denis Pelletier examine, lui, le rapport entre tiers-mondisme et développement, de l’invention d’un modèle et d’un tiers-mondisme d’experts (années 1950) à l’engouement catholique pour le développement, aux nouvelles critiques formulées par et contre le tiersmondisme (années 1960), enfin à la crise du tiers-mondisme (1978–1987). Brigitte Bleuzen analyse le cas de l’Institut des Fils de la Charité en proposant également une périodisation dans les modes d’interventions depuis les années 1960. Enfin, Claire de Galembert montre comment le CCFD au Maghreb et au Machrek, face à la montée des organisations de bienfaisance se revendiquant de l’Islam politique, apparaît tiraillé entre son identité confessionnelle et les conceptions des professionnels de terrain, qui prônent inversement l’émancipation des structures ecclésiales.

Le troisième volet porte sur les « traditions religieuses et formes d’aide humanitaire ». Jonathan Benthall y traite des ONG musulmanes (séculières ou bien islamiques, en développant particulièrement ces dernières), de leur socle idéologique, de leur développement et de la place du djihad. En examinant le cas de l’Alliance baptiste mondiale et de la scission de sa branche nord-américaine, entre modérés et conservateurs, Martin Geoffroy met en lumière une tendance lourde du protestantisme américain, le poids croissant des évangéliques conservateurs et fondamentalistes. Lina Molokotos-Liederman traite des ONG orthodoxes, peu nombreuses et principalement centrées sur l’action caritative locale, mais qui se développent progressivement depuis les années 1980 au niveau national comme international. Enfin, Pierre Lachaier brosse une typologie des différentes associations de communautés et de castes hindoues et souligne leur rôle dans la distribution de secours en cas de sinistres.

Le quatrième temps est...

pdf

Share