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Reviewed by:
  • Léopold Bellan, un pionnier de l’humanitaire. Biographie
  • Axelle Brodiez
Benoît Charenton. –Léopold Bellan, un pionnier de l’humanitaire. Biographie. Paris, Le Cherche-Midi, 2008, 237 pages.

Cet ouvrage issu d’une thèse de l’École des chartes est publié dans une version qui se veut grand public, expurgée « des divers détails et d’une grande partie de l’appareil scientifique » et agrémentée de nombreuses photos. Il retrace la vie et les oeuvres de Léopold Bellan (1857–1936), commerçant parisien du Sentier et fervent philanthrope républicain ayant multiplié les créations d’oeuvres d’assistance.

Jusqu’à la Grande Guerre et dans le sillage de la Ligue de l’Enseignement, L. Bellan crée surtout des oeuvres centrées sur l’enseignement post-scolaire (professionnel et commercial) et l’encadrement de la jeunesse (accès à la culture, éducation physique). La guerre constitue un tournant et les activités de prévention s’effacent devant l’urgence des préoccupations ; Bellan, qui a lui-même perdu son fils unique au combat, s’investit alors dans la création de deux établissements pour orphelines de guerre. Dans les années 1920 et 1930 enfin, l’organisation croît considérablement autour de la création de structures d’aide aux personnes dépendantes (logements pour mutilés de guerre modestes ; maisons de retraites, de repos et de convalescence ; prise en charge des enfants dits « attardés »), d’établissements médicaux (préventoriums, sanatoriums, dispensaires et hôpitaux pour lutter contre la tuberculose et le cancer) et d’œuvres d’enseignement (pour les orphelines et orphelins, de guerre puis également civils ; formation d’instituteurs à l’hygiène familiale).

L’ouvrage se clôt sur l’évocation du « milieu » des philanthropes, en analysant la façon dont ceux-ci forment, autour de Bellan, un « réseau » fortement homogène (liens professionnels, lieu de résidence, convictions politiques républicaines laïques militantes jusqu’en 1914 puis plus modérées, pluri-engagement, relations d’amitiés voire familiales, etc.).

Volontairement simple et accessible, l’ouvrage montre l’importance prise sous la iiie République par certaines oeuvres locales, la diversité de leurs actions et leur réorientation au fil du contexte ; l’oscillation entre prévention et réparation ; mais aussi une logique alors assumée de complémentarité avec l’État, et une étroite imbrication avec le monde politique – Bellan fut durant plus de 30 ans conseiller municipal, et un temps président du conseil municipal de Paris, vice-président de l’Alliance républicaine démocratique et président du conseil général de la Seine. On regrettera toutefois l’emploi abusif du titre aguicheur « pionnier de l’humanitaire », alors que la catégorie n’est aucunement interrogée et que l’auteur aurait, avec davantage de profit, pu analyser plus largement les transformations et motivations de la philanthropie sous la iiie République.

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