In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Personnages conceptuels et l'image-temps: 'gender" et histoire Hr D. N. Rodowick DANS SES DEUX LIVRES sur le cinéma, Gilles Deleuze ne parle pas du tout, au moins explicitement, de personnages conceptuels au sens où le concept apparaît dans Qu'est-ce que la philosophie?* 11 parle encore moins de la question de "gender" même s'il discute brièvement le cinéma des femmes, et il refuse explicitement l'idée de traiter ses livres comme des études historiques. S'il est possible de penser la question du "gender" à partir des concepts deleuziens, et si "gender" se pose comme un problème philosophique dans Γ image-temps, il faut passer par des personnages conceptuels en tant que figures transmettant un nouveau sens historique qui est une des puissances de l'image-temps. Qu'est-ce que les personnages conceptuels?—Il est évident que le parti pris de Qu'est-ce que la philosophie? est de montrer la singularité de la philosophie par rapport à l'art et à la science, aussi bien que les résonances qui se font écho l'un à l'autre. Donc on ne devrait pas s'étonner de trouver, tout d'abord, que Deleuze et Guattari distinguent dans le chapitre sur "Les personnages conceptuels" ces derniers des figures esthétiques et des types psycho-sociaux. Or, les figures esthétiques sont certainement proches de ce qu'on appelle les personnages au cinéma. Construits à travers les corps et les voix des acteurs aussi bien que les cadrages, la mise-en-scène et le montage, ils interviennent dans les plans de composition en produisant des affects et perspectives ou points de vue (percepts). Le cinéma a tracé aussi des types psycho-sociaux en tant que figures esthétiques. Ceux-ci sont des types sociaux proposés par la sociologie: par exemple, l'étranger, l'exclu, l'immigré et beaucoup d'autres. Peut-être sontils aussi des "stéréotypes" (de la masculinité ou de la féminité, de l'hétéro- ou de l'homosexualité). Ils ont pour but de faire comprendre les structures et fonctions des champs sociaux quant aux territoires occupés par ces types ainsi que les forces de territorialisation et de déterritorialisation qui les traversent. "Juliette" dans Deux ou trois choses que je sais d'elle ou "Nana" dans Vivre sa vie incarnent sans doute un type psycho-social (la prostituée) mais en tant que figures esthétiques. Ces deux personnages montrent, à travers deux étapes différentes, comment les femmes sont déterritorialisées d'un champ social (la Vol. XLII, No. 1 107 L'Esprit Créateur sphère domestique, par exemple) et réterritorialisées dans un autre (les rues, les hôtels), et comment les corps de femmes sont territorialisés par le capital et deviennent des marchandises répondant ainsi à un désir pour les marchandises . Dans Vivre sa vie, ce processus se présente ainsi, en se transformant de séquence en séquence: Nana se déterritorialise du couple marié, est déterritorialis ée du magasin où elle vend des disques, elle est réterritorialisée dans les rues et ainsi de suite. Cependant, même si Nana et Juliette incarnent dans ces films des figures qui donnent à voir et à penser sur plusieurs champs sociologiques , elles restent profondément des figures esthétiques qui produisent des affects et des perceptions intenses selon la logique de l'image-temps, comme nous le verrons par la suite. Types psycho-sociaux et figures esthétiques mélangés, "Nana" et "Juliette ", sont-elles aussi des personnages conceptuels? Selon Deleuze et Guattari , les figures esthétiques, les types psycho-sociaux et les personnages conceptuels "renvoient l'un à l'autre et se conjuguent sans jamais se confondre" (Philosophie 68). Dans son propre contexte le cinéma ne manifeste sans doute pas l'un sans produire les autres si les conditions le permettent. La philosophie a, elle aussi, ses figures dramatiques qui deviennent conceptuelles et renvoient aux territoires qui sont plus spirituels que sociaux. Mais le personnage conceptuel comme figure philosophique, est-il présent dans le cinéma? Dans Cinéma 1 et Cinéma...

pdf

Share