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Book Reviews Pascale Auraix-Jonchière. Lilith, avatars et métamorphoses d'un mythe entre romantisme et décadence , Cahier romantique n° 8. Clermont-Ferrand: Presses Universitaires Biaise Pascal, 2002. Pp. 356. 24.40 €. Spécialiste de Barbey d'Aurevilly et rompue à l'étude des figures mythiques (comme en témoigne, par exemple, le volume Isis, Narcisse, Psyché entre Lumières et Romantisme: Mythe et écritures, écritures du mythe, dont elle a dirigé la publication avec la collaboration de C. Volpilhac -Auger, Presses Universitaires Biaise Pascal, 2000), Pascale Auraix-Jonchière interroge ici les réécritures du mythe de Lilith dans la littérature française du XIXe siècle. Après avoir rappelé l'origine mésopotamienne de celle qui n'est d'abord qu'une «démone» parmi d'autres, l'auteur s'intéresse aux conditions qui la font passer de l'archétype au personnage légendaire, puis la constituent en figure mythique proprement dite, avec {'Alphabet de Ben Sira (Xe siècle), qui «en fait la Première Eve, sujet central d'un mythe cosmogonique tu par la Bible, ou plutôt présent 'en creux' dans l'interstice problématique ménagé par les deux versions successives et contradictoires du récit de la création de l'homme». Le préambule souligne ensuite Γ «efflorescence spectaculaire» que le XLXe siècle réserve au mythe de Lilith, tant sous l'influence de l'orientalisme et des lectures ésotériques que dans le contexte d'un positivisme et d'une technicité triomphants. Intitulée «L'Esthétique: mythe et écriture», la première partie de l'ouvrage est consacrée à une très fine étude des modalités d'inscription et de modulation du mythe de Lilith fondée sur les trois éléments invariablement attachés à la forme mythique que sont le nom, le récit et l'image. P. Auraix-Jonchière insiste ainsi sur l'importance de la nomination dans l'émergence et la constitution de ce mythe avant d'examiner les enjeux de la convocation, dans un large corpus, des noms de Lilith ou de leurs variantes ainsi que les «substituts mythiques» auxquels ils peuvent renvoyer. Suit une analyse du «contre-modèle» que présente un scénario mythique dont se dégagent plusieurs constantes, dont «la naissance comme attenté», «la loi de transgression», la «stérilité» ou la récurrence de «schémas tripartites» (Lilith, Dieu et le Diable; Lilith, Adam et Eve), le motif du «combat avec l'ange» apparaissant comme une «greffe» proprement romantique. La première partie se clôt sur l'exploration du portrait que le XLXe siècle dessine de celle «qui est image avant d'avoir une histoire». Aux motifs de la noire chevelure et des ailes, à la qualité nocturne de la figure qui soutiennent le thème de la dangerosité d'une «beauté ineffable», répond la richesse d'un bestiaire et d'un paysage symboliques. «La Symbolique: mythe et signification» constitue la seconde partie de l'ouvrage où P. Auraix-Jonchière montre que Lilith «figure un dire oblique, en conformité avec la nature du mythe». Le premier faisceau de réponses dont son mythe permet l'expression est d'ordre amoureux. Car celle qui apparaît dans la tradition babylonienne sous les traits de la courtisane «a partie liée avec le désir», dans une constellation fantasmatique qui se décline de manière polymorphe . Entre dépravation vampirique et amour idéal, le parcours du désir peut mener «de l'amour oblatif à l'amour rédempteur» mais échappe rarement à Γ «incomplétude», cristallisant «une réflexion sur l'amour lacunaire, impuissance charnelle ou sentimentale». Mythe des excès du désir amoureux, le mythe de Lilith n'en est pas moins apte, dans la littérature du XIXe siècle, à se faire aussi le support d'un questionnement de type socio-politique. La Première Eve ne partage-t-elle pas avec Prométhée «la force de contestation, la rupture et l'envol»? C'est d'abord une Lilith au miroir des diverses formes du mal du siècle qui nous est présentée, porte-parole...

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