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Book Reviews Sylvie Ballestra-Puech. Les Parques. Essai sur les figures féminines du destin dans la littérature occidentale. Toulouse, Editions Universitaires du Sud, 1999. Pp. 443, 24 planches. En convoquant dans son titre la triple figure des Parques et la littérature occidentale, l'étude de Sylvie Ballestra-Puech est tout d'abord une riche contribution aux études comparatistes et mythocritiques des figures antiques et de leur postérité littéraire et iconographique. Elle est aussi une réflexion méthodologique nuancée sur le mythe littéraire et ses rapports avec la symbolique, la personnification, l'allégorie et l'image. En effet, aborder les figures latines du destin signifie très vite rencontrer une série de divinités relevant de la littérature occidentale: les Moires grecques, les Dises, les Nomes et les Valkyries Scandinaves, les fées rapprochées des Parques par un lien mythologique et pas seulement étymologique, ou encore les Urses roumaines. De l'épopée homérique aux sagas Scandinaves et des textes médiévaux aux contes populaires et aux romans modernes un corpus diachronique ouvert vise ainsi la représentativité et non l'exhaustivité. Quatre composantes symboliques du mythe des Parques, retenues pour leur importance, sont étudiées à travers le temps. Tout d'abord, la symbolique du fil entre continuité et fragilité, et son rapport au piège et au texte, réseaux métaphoriques privilégiés. Ensuite, le vaste champ du mythe de destinée individuelle est abordé par le biais de la légende de Méléagre associée à celle, Scandinave, de Nomagest, qui valident la filiation entre divinités du destin et fées. Poursuivi dans les textes médiévaux et le conte de La Belle au bois dormant et ses nombreuses variantes, cet examen aboutit à un éclairage captivant du rapport amour/mort et des trois visages de la mère. Liées par la généalogie et l'onomastique aux poèmes théogoniques et cosmogoniques, les Parques sont en outre maîtresses du devenir cosmique dans une troisième approche qui souligne la divergence des deux généalogies hésiodiennes, le devenir platonicien et néoplatonicien des figures, leur parenté aux Nornes veillant sur l'arbre cosmique Yggdrasill, et leur triple rapport au temps (passé, présent, avenir), induisant un lien à Saturne et aux Saisons, d'où le rôle qu'elles jouent dans le mythe de Persephone . Un dernier chapitre examine la dualité fondamentale des Parques infléchie par la rencontre du mythe païen avec le merveilleux chrétien. Fréquemment présentées comme servantes du diable ou sorcières, les Parques incarnent la féminité angoissante et deviennent femmes fatales au XIXe siècle, avant que la dualité ne s'intériorise dans La Jeune Parque de Valéry et que la Parque ne devienne sa propre victime. Le statut particulier du mythe des Parques lié à son mode d'émergence dans les textes litt éraires invite par ailleurs à une réflexion sur la valeur et l'importance de l'image dans les études de mythes littéraires. En effet, d'une présence explicite discrète dans la mesure où il ne surgit dans aucun grand récit mythique, le mythe des Parques apparaît cependant "à l'horizon de tout récit", lié qu'il est au destin de chaque individu. L'ancienneté de l'image complexe de la fileuse dans sa configuration prêche en faveur du mythe et à rencontre de la simple personnification, de la symbolisation ou de l'allégorie. De même, on observe non pas tant une condensation du récit mythique originel en image (P. Albouy), mais un passage de l'image au récit. Cette tendance vers la composition en récit (G. Durand) est une autre preuve de la présence du mythe. Et c'est comme "combinaison d'images qui s'est cristallisé progressivement" (401) que le mythe des Parques justifie pleinement la rencontre fructueuse entre littérature et iconographie au sein de l'étude. Celleci dégage avec habileté l'émergence du mythe littéraire et suit son devenir dans la création en privil...

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