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Le sentiment de culpabilité: domaine tropismique par excellence? Anthony S. Newman Alors, je vais vraiment faire cela? "Parler du contenu" ... Oui le mot me gêne. Mais je reconnais que c'est celui qui s'impose. Je vais "parler de la culpabilité" ...oui je vais le faire... "parler de moi-même" ... il n'y a pas à tortiller, c'est bien ça.1 AMA FAÇON, EN TANT QU'UNIVERSITAIRE, j'ai tenté, dans le passé, de parler de Nathalie Sarraute, de son œuvre plutôt, en tenant à distance ma propre affectivité, à part, bien sûr, l'enthousiasme qui m'animait. J'ai donc écrit un livre2 dans lequel j'ai occulté la substance pour me concentrer sur l'expression. L'œuvre de Nathalie Sarraute se prêtait à cela, étant donné l'unicité de son message. L'intuition fondamentale de l'auteur est restée si intacte que l'on peut, justement, mettre le tropisme entre parenthèses pour ne s'occuper que de sa mise en forme.3 A l'appel du sujet "Nathalie Sarraute et le texte du for intérieur", j'ai pris un terme—"la culpabilité"—qui semblait cerner une conviction intuitive incontournable à l'égard des romans de Nathalie Sarraute. Je croyais y reconnaître, en priorité, une intériorité peureuse, peu sûre de soi, encline, face à autrui, en cas de différend, à se mettre d'office dans le tort. Cette caractéristique étant disséminée dans toute l'œuvre, il suffirait d'en extraire un certain nombre de cas, de les trier et de les examiner à la lumière du jour. Le premier résultat, déconcertant, a été que cette impression de "culpabilité passim" ne semblait être que peu fondée. A relire les textes de Sarraute que je connais si bien, que j'aime tant, il y avait bien quelques scènes, celles qui sautent aux yeux, et que j'avais déjà en tête. Mais force m'était d'admettre que, parti à la recherche de Nathalie Sarraute, je n'avais peut-être trouvé que moi-même! Le texte aurait-il formé son lecteur, ou celui-ci n'aurait-il fait que déformer celuil à à sa propre image? Ce qui suit est composé d'observations sur ce que j'ai trouvé dans les textes mêmes par rapport à ce que j'y cherchais4; partant , sur ce qui reste d'une présupposition clé, à forte valorisation, personnelle , après une analyse détaillée. Espérant que l'impulsion vitale ne sera pas trop desséchée par l'analyse, je me donne la caution suivante: Vol. XXXVI, No. 2 89 L'Esprit Créateur "Si vous avez réussi à découvrir une seule parcelle de quelque chose d'intact, qui vibre, qui vit, c'est de cela qu'il fallait parler, c'est cela qu'il fallait leur montrer" (FO 71). Définitions Par "culpabilité" j'entends donc un état d'esprit (de celui qui se sent toujours dans son tort, en état d'infériorité, d'humilité), plutôt que le fait d'être, d'être reconnu, ou de se reconnaître coupable (de tel ou tel délit). Immédiatement j'accumule les paronymes pour éviter la capitalisation du mot. La culpabilité ici n'est pas un de ces mots à majuscule signalant une émotion connue (Amour, Haine, Bonheur) dont parle Sarraute5 . Le champ lexico-sémantique qui se dessine contient, à côté de "culpabilité", d'"infériorité", d'"humilité", des termes tels que honte, soumission, effacement; des adjectifs: fautif, timide, timoré... Par exemple une analyse intuitive de Tropismes a donné: résignation, effacement, soumission, obéissance, peu de valeur, interdit, menace, ne pas oser, avoir tort, agressif, échec. Le dictionnaire enfin va nous suggérer trois domaines d'application du mot "culpabilité": le psychologique, le moral et le juridique. De ces trois domaines, c'est surtout le psychologique qui est pertinent ici. Mais dans tous les cas le concept est traversé par un axe agent/patient ou bien sujet/objet, actif/passif, ou encore observateur/observé. Là où, par exemple, le tribunal peut statuer sur la culpabilité (on non) d'un prévenu, celui-ci peut être...

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