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L'Esprit Créateur Ralph Albanese. Molière à l'école Républicaine. De la critique universitaire aux manuels scolaires (1870-1914). Saratoga, CA: Anma Libri, Stanford French & Italian Studies 72, 1992. Pp. xiv + 281. $46.50. Un sondage récent de la SOFRES, pour le Figaro Magazine, informe que les trois auteurs classiques les plus appréciés par les Français sont, par ordre de préférence, Hugo, La Fontaine et Molière. Il est probable que si un tel sondage avait été effectué en 1884, année de l'inauguration du monument Molière, l'auteur du Misanthrope aurait été placé en tête. Depuis la Révolution on observe en effet une montée du "moliérisme" qui culmine pendant la décennie où parut, de 1879 à 1889, la revue Le Moliériste. Faisant preuve d'une exceptionnelle érudition opérante, Albanese étudie le "mythe Molière" de 1789 à 1914 et principalement pendant le dernier tiers du siècle. Il envisage la culture française de cette époque "sous la forme d'une nouvelle religion laïque" (49). Se posant la question "Pourquoi Molière?", il procède à une démystification du mythe qui fit de ce dramaturge un puissant instrument d'intégration sociale et une"'figure laïque d'identification nationale, appartenant à une "idéologie de compensation" après la défaite de 1871. Albanese traite de ce phénomène dans la perspective d'une socio-critique située "au carrefour de la réception et de l'intertextualité" (206). Passant en revue les principaux critiques de Molière (de 1789 à 1914), et examinant de nombreux manuels scolaires, il étudie, d'une part, les relations entre les discours critiques et scolaires et, d'autre part, les rapports de force entre le mythe moliéresque républicain—le "culte Molière"—et l'image de ce comédien présentée par la critique d'inspiration chrétienne et par les écoles confessionnelles qui, souvent, envisageaient son œuvre comme une école de perdition. L'auteur met magistralement en évidence Ie rôle idéologique fonctionnel du mythe Molière—comme instrument de promotion bourgeoise et démocratique—dans le cadre de la montée du laïcisme aboutissant à Ia séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905. Ce faisant, il propose une réflexion critique sur la culture française de l'époque. Il est ainsi conduit à des observations sur les intrications du pouvoir et du savoir, et sur l'idée d'une "pédagogie déconstructionniste " (211) sapant la conception muséographique de la littérature, démystifiant le mythe académique du classicisme et "décanonisant" les chefs-d'œuvre dupasse. Il conclut que la comédie de Molière est une "présence fuyante" (214) qui échappe aux idéologies, ce qui, à notre avis, est une question de point de vue. Bref, le livre d'Albanese est une somme qui se fonde sur l'examen systématique de plus de trois cents manuels scolaires et qui contient une bibliographie de plus de mille ouvrages. C'est dire le sérieux de cette enquête menée avec un remarquable souci d'objectivité et d'exhaustivité. Voici un magnifique instrument de travail désormais indispensable à une variété de recherches dans les domaines de la critique littéraire, de l'histoire, de la sociologie, de l'ethnologie, de la pédagogie, de l'étude des pensées politiques et idéologiques... Souhaitons qu'il serve de fondation à un examen de la réception de l'œuvre de Molière à l'école républicaine sous la Quatrième et la Cinquième Républiques. Gérard R. Montbertrand College of Charleston René Pommier. Études sur "Le Tartuffe." Paris: SEDES, 1994. Pp. 250. Roland Barthes's controversial little essay, "Les deux critiques," which first appeared in the pages of MLN and then again in his Essais critiques, made the telling point that "la critique universitaire" and "Ia critique idéologique" have in common an important, if 94 Spring 1996 Book Reviews unacknowledged, characteristic: both are rooted in ideology. For all its claims of objectivity and good sense, "la critique universitaire...

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