In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Le Discours littéraire: Paratopie et scène d’énonciation
  • Monique L’Huillier
Le Discours littéraire: Paratopie et scène d’énonciation. Par Dominique Maingueneau. Paris, Armand Colin, 2004. 262 pp.

Le Discours littéraire, qui ‘prolonge et renouvelle’ le Contexte de l’œuvre littéraire, publié par Dominique Maingueneau en 1993, concerne principalement les conditions d’émergence des œuvres. Maingueneau insiste sur le fait qu’il s’agit d’un ‘chantier’ plutôt que d’une étude aboutie, étant entendu que la notion même de ‘discours littéraire’ est ambiguë : un type de discours doté d’un statut particulier, mais aussi une unité instable qui regroupe nombre de phénomènes divers. La première partie présente une historique de la critique littéraire, de la philologie au structuralisme et à la nouvelle critique, jusqu’à la véritable ‘analyse du discours’ littéraire, qui ‘s’efforce de définir le cadre à l’intérieur duquel se déploient les multiples “lectures” qu’autorise une œuvre’ (p. 30). La deuxième partie est consacrée aux discours constituants. Maingueneau y examine en particulier le cadre herméneutique, et les vaillants efforts des interprètes pour trouver l’exégèse, l’interprétation nouvelle. Maingueneau explique par exemple comment on réconcilie les maximes conversationnelles et les ‘défauts’, en relatant l’interprétation que fait Michel Serres de la tirade de Sganarelle au début de Dom Juan. Il conclut: ‘De cette façon. . . la pièce perd son excroissance maligne’ (p. 59). Maingueneau nous fait donc voyager le long de l’évolution de l’analyse littéraire avec une évocation des théories, illustrées d’exemples ‘consacrés’ tout en admettant que ‘De toute manière, il y a contradiction entre le repérage de transgressions [. . .] et la tendance des analystes à tout légitimer [. . .]’(p. 67). La troisième partie est consacrée à la paratopie, l’‘impossible lieu’, dont il rappelle que les modalités varient avec les époques, les sociétés. . . et s’émeut de la condition de l’écrivain: ‘En littérature comme en religion, il y a toujours des clercs et des prophètes’. La quatrième partie s’attache aux positionnements. Qui a le droit d’énoncer? Comment sont gérées les transgressions? Qu’est-ce qu’un code langagier ‘légitime’? La section sur la linguistique moderne rappelle avec humour la défiance mutuelle entre littéraires et linguistes. Puis on en arrive àune problématique d’analyse du discours où l’opposition oral/écrit est revisitée. Enfin Maingueneau s’interroge sur les effets encore inconnus de l’avènement de l’informatique, du ‘livre électronique’. Il termine par un examen de l’importance du genre (on se perd un peu avec lui dans les complexité s d’une définition du ‘genre’) pour l’analyse du discours. On aurait pu attendre d’un linguiste comme Maingueneau qu’il soit un peu plus critique à l’égard du côté‘cuisine ésotérique’ des analyses littéraires. Il n’en est rien. On reste un peu perplexe devant des phrases telles que: ‘Si l’œuvre doit gérer la relation entre ce qu’elle dit et le fait même qu’elle puisse le dire comme elle le dit, elle doit donner àvoir un certain monde et justifier le fait que ce monde-làsoit compatible avec le cadre de cette énonciation qui le donne ainsi à voir’ (p. 231). Maingueneau conclut que ‘nous sommes loin d’avoir exploréles multiples champs de recherche qui s’ouvrent à une analyse du discours littéraire’. Cette dernière a donc encore de beaux jours devant elle. . . [End Page 246]

Monique L’Huillier
Royal Holloway, University of London
...

pdf

Share