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  • Olivier Rolin: Littérature, histoire, voyage
  • Marc Dambre
Olivier Rolin: Littérature, histoire, voyage. Études réunies par Luc Rasson et Bruno Tristmans avec un entretien inédit de l’auteur. Amsterdam, Rodopi, 2008. 164 pp. Pb € 33.00.

Exact contemporain de Michon, Echenoz et Quignard, l’auteur ne bénéficie pas de la même légitimité, alors que son œuvre exigeante, étalée sur vingt-cinq ans, mérite [End Page 235] l’exégèse. Ce riche ensemble critique, à caractère international, vient donc à point après deux dossiers déjà anciens: Acanthe. Annales de lettres françaises, Beyrouth, vol. 18, 2000; Scherzo, Paris, vol. 18–19, octobre 2002. Il ne cède jamais à la célébration, écueil possible quand l’auteur paraît sous-estimé. Pelckmans pointe dans Méroé les invraisemblances et une propension à la facilité, même s’il y voit un ‘postmodernisme flamboyant’ mâtiné de romantisme noir. Delcroix reprend l’éreintement de Jourde dans La Littérature sans estomac (2002) pour lui opposer une lecture attentive de Port-Soudan, à dominante psychocritique. La précision marque aussi l’article subtil et ferme sur ‘l’écriture périphérique’ de Tigre en papier. Blanckeman y montre comment les métaphores de l’espace urbain sont liées à une philosophie du temps et de l’histoire, comment l’écriture mémorielle se construit dans l’intertextualité, comment, enfin, la sélection des données de détail noue la relation entre récit de soi et roman historique dans ‘une poétique de l’imbroglio’. Les figures de Michelet, de Saint-Simon et de Freud peuvent alors se constituer en arrière-plan de la tension mélancolique. Ruth Amar étudie le jeu entre postmoderne, minimalisme et baroque pour définir le caractère transgressif de l’écriture. Après ces approches de la poétique romanesque, et conformément au sous-titre de l’ouvrage, la question de l’histoire domine les quatre contributions suivantes. S’appuyant sur Orlando (Gli oggetti desueti nelle immagini della letteratura, Einaudi, 1993), Brignoli travaille sur les objets et dégage de Port-Soudan la critique sociale. Rasson pense que toute histoire, pour Rolin, est religieuse et que la seule échappatoire serait ou l’exil ou une Histoire alternative. Selon Viart, Tigre en papier est une fiction critique structurée par le passélittéraire et par la culpabilité historique: paradoxalement, une génération qui se fondait sur le rejet des figures du père finit par renouer avec elles. Dans la dernière section, Tristmans insiste sur le caractère déceptif du voyage dans Port-Soudan et Mon galurin gris. Michel analyse l’imaginaire des Paysages originels. Van Dinter et Ramon abordent les ‘non-lieux’ (Augé) de Suite à l’hôtel Crystal, ou`les grands classiques apparaissent comme un point de résistance. Enfin, Rolin revient sur son parcours dans un entretien daté 2004–2005. Il en émane un acte de foi dans la littérature. Au cours de l’ouvrage, bien des études anté-rieures sont sollicitées; une bibliographie aurait été néanmoins utile. Un chasseur de lions n’est pas traité, sa publication étant postérieure de quelques mois. On regrette que huit des onze études portent sur Port-Soudan, Méroé et Tigre en papier. Cette concentration entraîne parfois la répétition. On aurait aimé un travail sur le premier roman de l’auteur, Phénomène futur, ou sur sa tentative romanesque la plus ambitieuse, L’Invention du monde. L’ouvrage n’en est pas moins vivement conseillé à qui veut découvrir l’auteur et jouir d’une vision plus équilibrée de cette génération littéraire.

Marc Dambre
Université Paris III – Sorbonne Nouvelle
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